Brève Histoire du Monde (7/11) - La Créativité Maitrisée

On a commencé (et on a bien avancé) à étudier l’histoire de l’Arbre de la Connaissance. La dernière fois, le Rambam nous a appris que la consommation de l’Arbre de la Connaissance a transformé les notions de vrai/faux en bien/mal. On est passé d’une vision objective du monde (j’ai le choix entre faire la volonté de D.ieu et mon désir s’il est différent ; mais je suis parfaitement conscient de la différence qu’il y a entre les deux, ces désirs étant tous deux extérieurs à moi) à une vision subjective (le désir s’est introduit en moi et m’empêche de marquer une séparation nette entre ce qui est mon désir et ce qui est la volonté de D.ieu). Dorénavant, l’homme verra le monde à travers la perspective de ses propres désirs.

Ce n’est pas une question de désir fort ou faible, mais l’important est de savoir où je me situe par rapport à mon désir. Souvenez-vous ce midrash étrange qui plaçait les mauvaises personnes dans leur cœur. La question importante à se poser, pour Adam et ’Hava (et pour nous) est : comment contrôler ce désir ? Comment faire en sorte que cette force du désir soit dirigée[1] ?

 

Rappel des questions laissées en suspens

Nous avions laissé deux questions en suspens que je rappelle ici :

Quelle relation existe-t-il entre les punitions – enfantement difficile pour la femme, travail de la terre difficile pour l’homme – et le « crime » qu’ils ont commis ? En quoi ces punitions correspondent-elles à la faute ?

Au passage, le même terme est employé pour la punition d’Adam et celle de ’Hava. Il s’agit du mot souffrance, peine, fatigue : « עצבון ». Pour la femme : « הַרְבָּה אַרְבֶּה עִצְּבוֹנֵךְ וְהֵרֹנֵךְ--בְּעֶצֶב, תֵּלְדִי בָנִים ». Et pour l’homme : « אֲרוּרָה הָאֲדָמָה, בַּעֲבוּרֶךָ, בְּעִצָּבוֹן תֹּאכְלֶנָּה ». Quel lien y-a-t-il entre la faute d’Adam et ’Hava et le « עצבון » ?

D’autre part : quelle relation de cause à effet y-a-t-il entre le fait de manger de l’Arbre et le fait de prendre conscience de sa nudité ou, pire encore, d’avoir peur de sa nudité ?

Et puis, si l’on peut facilement imaginer ce qu’est d’être gêné par sa nudité, qu’est-ce que cela signifie d’avoir peur de sa nudité ?

Désir créatif : oui, mais maîtrisé !

Je ne crois pas qu’il ne s’agisse que de nudité. Adam a peur de sa nudité pour ce qu’elle représente, à savoir, la sexualité. La sexualité, c’est la capacité de créer un individu. En cela, elle représente le désir créateur. Et je pense que c’est en cela que l’homme ressemble à D.ieu[2].

En effet, à la fois le serpent et D.ieu ont dit que le fait que l’homme mange de l’Arbre de la Connaissance ferait de lui l’égal de D.ieu (Béréchit 3:22). Quel rapport entre la connaissance du bien et du mal et le fait de ressembler à D.ieu ?

La dernière fois, on a répondu à cette question en disant que D.ieu conduit le monde par Ses désirs (et notre rôle est de se conformer à eux). Cette caractéristique qui est de prendre des décisions à travers le prisme de ses propres désirs, est une caractéristique divine, en quelques sortes.

En réalité, on peut voir cela à un niveau plus profond.

Qui est le créateur ultime ? Plus précisément : qui maîtrise le mieux son désir créateur ? C’est D.ieu ! Si vous n’êtes pas convaincu de cette réponse, je vous invite à lire les livres de physique. Le monde tient sur un fil. Les physiciens ont calculé que, sans entrer dans les détails, le Big Bang a pu aboutir à la création de l’Univers grâce à deux types de force. La première, évidente, qui découle des explosions, est une force d’expansion. Cette force permet de partir d’un point très concentré de matière, à un monde plus grand, plus développé. Mais il fallait qu’il y ait aussi une force de gravité qui permette au monde de ne pas rester un chaos. Pour que le monde puisse être créé, il fallait que D.ieu arrive à doser ces deux forces de manière parfaite. Savez-vous quel est le degré de précision que les scientifiques ont mesuré ? 10^-55 ! Cela signifie que si les deux forces étaient différentes de plus de ce minuscule iota, le monde n’aurait pas existé. Les scientifiques affirment qu’il n’y a pas moins de treize paramètres qui ont eu besoin d’être définis de manière aussi parfaite afin que le Big Bang soit réussi[3]!

En d’autres termes, D.ieu nous montre qu’une création réussie ne peut résulter que d’un désir créateur maîtrisé.

On retrouve cette idée dans le mot Emeth. ’Hazal disent que le sceau de D.ieu est la vérité, le Emeth. Le mot Emeth s’écrit en hébreu de la façon suivante : « אמת », qui pourrait se décomposer en deux mots : « אם » et « מת » qui signifient respectivement « mère » et « mort ». D’une part cela signifie qu’une vie sans mort n’a pas vraiment de valeur, puisqu’il n’y aurait pas de limite dans le temps pour accomplir des choses sur terre. Mais d’autre part, de manière plus profonde peut-être, cela signifie qu’un pouvoir créateur doit s’arrêter pour être constructif ; sinon, il amène à la destruction. Prenez par exemple les cellules du corps humain, si elles ne meurent pas lorsqu’il le faut, on n’appelle cela un cancer. En fait, la création divine est une harmonie parfaite entre la vie et la mort.

Bien. Maintenant nous pouvons répondre aux questions laissées en suspens la dernière fois.

Après avoir mangé de l’Arbre, dans le monde du Bien et du Mal, Adam et ’Hava prennent conscience que le désir est un voile devant la vérité. En particulier, ils prennent conscience de la puissance de leur désir créateur représenté par la sexualité, par la nudité. Ils ne savent pas comment le diriger, comment le gérer : ils en ont peur.

La « punition » que D.ieu leur inflige est logique : Il veut leur faire comprendre que la création doit être maîtrisée. Ils doivent faire l’expérience d’une création la plus maitrisée possible. Par la gestation et la naissance, la femme prend conscience que la création est « millimétrée ». L’homme, qui ne peut pas avoir cette même expérience, en aura une équivalente : celle de la terre, de l’agriculture ; on y retrouve toute la biologie ! Il faut planter une graine, arroser, faire attention à chaque paramètre (lumière, humidité etc.).

Un chiasme dans l’Eden

J’aimerais vous montrer quelque chose de fascinant. J’ai découvert cela récemment et j’espère que vous serez aussi enthousiastes que moi.

Un peu de théorie

Un chiasme « parfait » est une suite de mots, images, idées etc. organisés de la sorte :

A, B, C, D, E, D’, C’, B’, A’

Jusqu’à présent, nous avons analysé les chiasmes de la manière suivante :

-          Ils convergent vers un centre – vers lequel le texte veut que nous portions notre attention (par exemple le hinéni béni de Avraham lors de la ’Akeida[4])

-          Les éléments correspondants du chiasme s’éclairent mutuellement (A avec A’, B avec B’…)

Maintenant, j’aimerais ajouter une pierre à cette grille de lecture des chiasmes.

Que se passe-t-il si nous avons à faire à un chiasme « imparfait » ? Prenons par exemple le chiasme suivant : A, B, C, D, E, C’, D’, B’, A’. Ce chiasme est imparfait car C’ et D’ ont l’air d’être dans le mauvais ordre.

Mais en réalité, peut-être que le chiasme est parfait et que c’est notre découpage du texte qui est erroné ! Peut-être que les idées de C et D sont tellement proches qu’elles ne peuvent pas être séparées et qu’elles ne forment en réalité qu’une seule idée !

C’est-à-dire que dans cet exemple, nous aurions dû découper le chiasme de la manière suivante :

A, B, (C D), E, (C’ D’), B’, A’.

Et là, on retombe sur un chiasme parfait…

Si ce que je viens de dire est vrai, alors on a trouvé un moyen très puissant de lecture de la Torah : celle-ci, à travers les chiasmes, indique aussi comment les phrases doivent être découpées ; elle indique que C et D ne sont en fait qu’un seul élément (C D) du chiasme, tellement ils sont liés ensemble…

Application à l’Eden

L’histoire de l’Arbre de la Connaissance est écrite sous la forme d’un système atbach assez long. Celui-ci commence au verset 2:15 et se termine à la fin du chapitre 3. Je vous invite à essayer de le « démasquer » par vous-même avant de lire ce qui suit.

La mise en exergue de ce chiasme permettra, entre autres, de répondre aux questions suivantes :

1.       Pourquoi Adam a-t-il été créé en dehors du Gan ’Eden pour y être placé ensuite ? Pourquoi Hachem ne l’a-t-il pas créé directement dans le Gan ’Eden ?

2.       Pourquoi nous raconte-t-on à la fin de l’histoire qu’Adam nomma sa femme ’Hava ? Ne l’avait-il pas déjà nommé Icha ? Et pourquoi raconter à ce moment précis que D.ieu leur confectionna des habits ?

Le chiasme commence par l’entrée de l’homme dans le Gan ’Eden. Il se termine par sa sortie. Voici les versets dont il s’agit :

Début de l’histoire (Béréchit 2:15):

טו וַיִּקַּח ה׳ אֱלֹקִים, אֶת-הָאָדָם; וַיַּנִּחֵהוּ בְגַן-עֵדֶן, לְעָבְדָהּ וּלְשָׁמְרָהּ.

15 L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le soigner.

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Fin de l’histoire (Béréchit 3:23):

כג וַיְשַׁלְּחֵהוּ ה׳ אֱלֹקִים, מִגַּן-עֵדֶן--לַעֲבֹד, אֶת-הָאֲדָמָה, אֲשֶׁר לֻקַּח, מִשָּׁם.

23 Et l'Éternel-Dieu le renvoya du jardin d'Éden, pour cultiver la terre d'où il avait été tiré.

Quelque chose a changé entre ces deux versets… Désormais, Adam ne travaille plus le Gan ’Eden mais la terre… de laquelle il a été pris. D’ailleurs cette expression « אֲשֶׁר לֻקַּח, מִשָּׁם » peut être ambivalente : d’un côté cela signifie qu’il a été créé, fabriqué à partir de cette même terre ; d’un autre côté, cela peut aussi signifier que c’est de cette terre qu’il avait été pris par D.ieu pour être placé dans le Gan ’Eden.

Maintenant que nous avons identifié les extrémités du atbach, avançons vers le centre…

Début (Béréchit 2:16-17)

טז וַיְצַו ה׳ אֱלֹקִים, עַל-הָאָדָם לֵאמֹר:  מִכֹּל עֵץ-הַגָּן, אָכֹל תֹּאכֵל.	16 L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir;
יז וּמֵעֵץ, הַדַּעַת טוֹב וָרָע--לֹא תֹאכַל, מִמֶּנּוּ:  כִּי, בְּיוֹם אֲכָלְךָ מִמֶּנּוּ--מוֹת תָּמוּת.	17 mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir!"

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Fin (Béréchit 3:22)

כב וַיֹּאמֶר ה׳ אֱלֹקִים, הֵן הָאָדָם הָיָה כְּאַחַד מִמֶּנּוּ, לָדַעַת, טוֹב וָרָע; וְעַתָּה פֶּן-יִשְׁלַח יָדוֹ, וְלָקַח גַּם מֵעֵץ הַחַיִּים, וְאָכַל, וָחַי לְעֹלָם.

22 L'Éternel-Dieu dit: "Voici l'homme devenu comme l'un de nous, en ce qu'il connait le bien et le mal. Et maintenant, il pourrait étendre sa main et cueillir aussi du fruit de l'arbre de vie; il en mangerait, et vivrait à jamais."

Continuons. On a ensuite la digression sur la création de la femme dont nous avons déjà parlé et Adam donne un nom à la femme et ils se rendent compte qu’ils sont nus (Béréchit 2:23-25) ; et on se demande quels versets il y a en face dans le atbach. Alors on regarde la fin de notre histoire et on tombe sur les versets 3:20-21 qui ont l’air d’être deux petites digressions, un peu comme des nota bene hors de propos : on y apprend qu’Adam a nommé ’Hava et que D.ieu leur donna des habits. Quel lien ces digressions ont-elles avec le reste de l’histoire ?

Début (Béréchit 2:23-25)

כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.	23 Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un membre extrait de mes membres et une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich."
כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.	24 C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
כה וַיִּהְיוּ שְׁנֵיהֶם עֲרוּמִּים, הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ; וְלֹא, יִתְבֹּשָׁשׁוּ.	25 Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte.

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Fin (Béréchit 3:20-21)

כ וַיִּקְרָא הָאָדָם שֵׁם אִשְׁתּוֹ, חַוָּה:  כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי.	20 L'homme donna pour nom à sa compagne "Ève" parce qu'elle fut la mère de tous les vivants.
כא וַיַּעַשׂ ה׳ אֱלֹקִים לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ, כָּתְנוֹת עוֹר--וַיַּלְבִּשֵׁם.  {פ}	21 L'Éternel-Dieu fit pour l'homme et pour sa femme des tuniques de peau, et les en vêtit.

En faisant un petit peu attention, on se rend compte que ces deux versets 3:20-21 font partie intégrante du système atbach. Mais il y a un tout petit souci, car :

Dans la première partie du chiasme on trouve les éléments suivants :

La femme est nommée Icha > ils sont dénudés mais n’avaient pas besoin de vêtements.

Dans la deuxième partie du chiasme, on trouve les éléments suivants :

La femme est nommée ’Hava > ils sont dénudés et ont maintenant besoin de vêtements.

En effet, ici, les éléments « nommer la femme » et « nudité » sont dans le même ordre alors qu’ils auraient dû être en sens inverse étant donné qu’ils sont écrits en atbach.

Et c’est là que l’on va pouvoir utiliser notre théorie sur les chiasmes « imparfaits ». Selon cette théorie, la Torah vient nous signifier que « nommer la femme » et « nudité » sont en fait un seul élément du système atbach. C’est très puissant ! C’est comme si la Torah nous disait : « Si tu veux comprendre pourquoi ils n’avaient pas honte d’être nus, il faut que tu comprennes pourquoi il l’a nommé Icha ; et si tu veux comprendre pourquoi ils avaient honte ou peur  de leur nudité, tu dois comprendre pourquoi il l’a nommé ’Hava ! »

La Torah a l’air de vouloir relier le nom de la femme avec la nécessité ou non de vêtements. Pour comprendre cela, il faut voir l’origine de ses noms.

Dans le monde d’avant l’Arbre, Adam appelle la femme « Icha » parce qu’« elle vient de l’homme » (Béréchit 2:23) « מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת ». Dans ce monde-là, lorsqu’Adam voit cette femme, il voit une femme[5], une âme sœur, celle qui pourra le compléter[6]. Il cherche sa féminité perdue : elle avait été prise de lui et maintenant il souhaite se réunir de nouveau avec elle. Il n’y a rien, dans cette conception, qui devrait les rendre « intimidés » par la sexualité ; au contraire, cette union est naturelle ! Ils étaient séparés, les voilà réunis.

Mais une fois l’Abre de la Connaissance consommé, une fois que le Désir a été introduit dans l’Homme, alors l’homme donne un autre nom à sa femme, il l’appelle ’Hava. Pourquoi ? Parce qu’ « elle était la mère de tous les vivants » (Béréchit 3:20) « כִּי הִוא הָיְתָה, אֵם כָּל-חָי ». Que voit Adam lorsqu’il est en face de la femme ? Il voit sa force créatrice ; il est impressionné par la puissance que représente la sexualité. Et il l’a nommée ’Hava… Le fait de donner un nom n’est pas anodin. Un nom représente l’essence que l’on perçoit de l’objet que l’on nomme.  Il voit en ’Hava un potentiel de création énorme et il l’y identifie. Il s’agit d’une sur-identification. C’est vrai que ’Hava a un potentiel de création que l’homme désire, mais ’Hava est aussi une Icha ; et ’Hava ne doit pas éclipser Icha.

Lorsque la puissance créatrice est le centre de notre être, et pas seulement quelque chose que nous possédons, alors nous sommes perchés au-dessus d’un précipice dangereux. Dans ce monde, nous sommes mal à l’aise face à la nudité…

En direction du centre

Continuons à dévoiler la structure atbach de notre histoire de Gan ’Eden. Nous nous rapprochons maintenant du centre. La suite immédiate du passage que l’on vient de voir (Adam donne un nom à la femme et ils sont nus), vient le serpent et commence alors une discussion entre le serpent et la femme, puis l’homme (Béréchit 3:1-6).

Que trouve-t-on d’équivalent de l’autre côté du atbach ?

Eh bien, on retrouve bien un dialogue. Et là, il s’agit d’une conversation entre D.ieu, l’homme, la femme et le serpent (Béréchit 3:9-19).

Alors nous voilà au centre (Béréchit 3:7-8):

ז וַתִּפָּקַחְנָה, עֵינֵי שְׁנֵיהֶם, וַיֵּדְעוּ, כִּי עֵירֻמִּם הֵם; וַיִּתְפְּרוּ עֲלֵה תְאֵנָה, וַיַּעֲשׂוּ לָהֶם חֲגֹרֹת.	7 Leurs yeux à tous deux se dessillèrent, et ils connurent qu'ils étaient nus; ils cousirent ensemble des feuilles de figuier, et s'en firent des pagnes.
ח וַיִּשְׁמְעוּ אֶת-קוֹל ה׳ אֱלֹקִים, מִתְהַלֵּךְ בַּגָּן--לְרוּחַ הַיּוֹם; וַיִּתְחַבֵּא הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ, מִפְּנֵי ה׳ אֱלֹקִים, בְּתוֹךְ, עֵץ הַגָּן.	8 Ils entendirent la voix de l'Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d'où vient le jour. L'homme et sa compagne se cachèrent de la face de l'Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin.

Résumons notre atbach dans son ensemble :

ü  Dieu crée l’homme, puis plante un jardin dans l’Eden. Il y place l’homme pour qu’il le travaille et qu’il le garde (Béréchit 2:15)

ü  Tous les arbres sont autorisés à la consommation (y compris l’Arbre de Vie], mais pas l’Arbre de la Connaissance

ü  La femme est nommée, la nudité ne pose pas de problème, les vêtements ne sont pas nécessaires

ü  Conversation entre serpent, femme, homme

ü  Ils se rendent comptent de leur nudité, ils se cachent de D.ieu

ü  Conversation entre D.ieu, homme, femme, serpent

ü  La femme est nommée, la nudité devient honteuse, les vêtements sont alors nécessaires

ü  L’Homme a mangé de l’Arbre de la Connaissance ; Maintenant, l’Arbre de Vie ne peut plus être autorisé

ü  D.ieu bannit l’humanité de l’Eden, l’homme doit travailler la terre de laquelle il a été pris (Béréchit 3:23)

On remarque que le centre du atbach est la prise de conscience de la nudité et la peur ou la gêne qu’elle procure chez l’Homme. L’épisode de l’Arbre a introduit en l’homme cette volonté de créer - elle peut être pieuse, elle peut être enivrante, mais elle peut aussi être écrasante… Comment peut-on diriger une voiture aussi puissante que cela ? Voilà un problème qui se pose à l’Homme dans le monde d’après l’Arbre…

Travail à faire pour la prochaine fois

Nous allons maintenant revenir à nos histoires de ‘Noa’h et sa vigne’ et de ‘la tour de Babel’. Elles recèlent encore des secrets qu’il nous reste à dévoiler.

Pour la prochaine fois, il serait bon que vous relisiez cette histoire de ‘Noa’h et la vigne’ (Béréchit 9:18-29) en cherchant tous les indices qui renverraient vers l’histoire de l’Arbre de la Connaissance que nous venons d’étudier.

A la prochaine ! 

Traduit librement par Naty à partir d’une série de conférences données par Rav Fohrman en 2007. Le titre original de la série est : « Brief History of the World: From Adam to Abraham ».

Pour accéder au cours suivant: http://ravfohrman.blogspot.com/2013/07/breve-histoire-du-monde-811-vengeance.html

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[1] Rappelez-vous de cette image que je donnais du désir comme étant une voiture roulant à vive allure. La question à se poser est : « suis-je assis au volant de cette voiture ou bien suis-je assis sur son capot ? »

[2] Cf. le midrash Béréchit Rabbah 19:4 qui raconte que le serpent a dit à la femme qu’en mangeant de l’Arbre, l’homme deviendrait un créateur de mondes. Car en effet, dit-il, D.ieu a mangé de l’Arbre avant de créer le monde !

[3] Cf. par exemple  –  Universes de John Leslie, The Mind of God de Paul Davies ou encore Just Six Numbers de Martin Rees.

[4] N.d.T – je vous renvoie vers http://ravfohrman.blogspot.fr/2011/11/akeida-et-gueiroush-yishmael.html

[5] Rappelez-vous qu’on vient de lui présenter tous les animaux auxquels il a donné des noms !

[6] Ce n’est pas pour rien que, pour parler de mariage, la Torah emploiera aussi le verbe « לקח » - « prendre ». Le mariage est finalement la réunification de deux morceaux d’un même être. L’homme retrouve enfin sa part de féminité qu’il avait perdue.