Dans ce cours, nous allons nous attarder sur une histoire en particulier, contrastant ainsi l’approche qui a été la nôtre jusqu’à présent. En effet, sur l’ensemble des cours précédents de cette série, nous avons vu les histoires qui forment quasiment les onze premiers chapitres de Béréchit avec un peu de hauteur, montrant les structures des histoires et mettant en relief ce que nous avons appelé le monde de la Création et celui de la Recréation. Ces deux processus de création sont en parallèle, comme nous l’avons montré et, ces parallèles se terminent sur deux histoires a priori sans importance particulière : les histoires de « Noa’h et la Vigne » ainsi que celle de la « Tour de Babel ». Nous étions arrivés, la dernière fois, à la conclusion que ces deux histoires étaient en fait deux équivalents post-déluge de l’histoire de « Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden »[1]. Afin de comprendre le sens que ces équivalence peuvent avoir, il nous faut nous plonger à la source, dans l’histoire de « Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden »[2][3][4]…
Quelque chose vous dérange dans cette histoire?
Avant de poursuivre, je vous invite à lire l’histoire de « Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden » dans le texte[5] et de relever les grosses questions qui vous dérangent. Vous pourrez ensuite les comparer avec les miennes.
La Connaissance du Bien et du Mal
1/ A quoi sert cet arbre ?
La question la plus sérieuse est sûrement la suivante : On a l’impression que D.ieu ne voulait pas que l’homme mange de l’Arbre de la Connaissance – vu qu’Il punit et maudit Adam et sa femme ensuite. Donc, il semblerait que D.ieu ne voulait pas que l’homme ait la connaissance que cet arbre était censé conférer, à savoir celle du Bien et du Mal. D.ieu voulait donc, peut-être, une société faite d’hommes n’ayant aucune notion de Bien et de Mal.
Mais savez-vous comment on appelle ce genre de personnes qui ne savent pas distinguer le bien du mal ? Dans le langage moderne, on appelle ça des psychopathes ! Ceux sont des gens qui sont capables de tuer une personne à la hache avec la même facilité que vous et moi tondons notre pelouse. D.ieu voulait-il vraiment une société de psychopathes ?
Cette question, si on la voit selon un autre angle, est encore plus profonde. En effet, si on se place après qu’Adam et ’Hava ont mangé de l’Arbre de la Connaissance, on voit que Hachem se met très en colère contre eux et les punit durement. Mais s’ils sont punis, cela présuppose qu’ils étaient au courant que ce qu’ils faisaient était mal, n’est-ce pas ? Mais comment Adam et ’Hava pouvaient-ils savoir que c’était mal puisqu’ils ne savaient pas encore distinguer entre le Bien et le Mal et ne pouvaient donc pas savoir que désobéir à D.ieu est quelque chose de mal… Ils avaient forcément une certaine connaissance du Bien et du Mal avant la faute ! Dans ce cas, nous sommes vraiment dans une impasse ! Car cela signifie qu’Adam et ’Hava avaient déjà la connaissance que l’Arbre de la Connaissance était censé leur donner ! Cet arbre ne serait finalement qu’une plaisanterie ?
On a ici à faire à un problème très sérieux, profond, basique : je ne suis pas en train de demander pourquoi il y a un mot en trop dans un passouk ou pourquoi Rachi a cité tel midrash. Ce problème est tel que tant qu’il ne sera pas résolu, on ne pourra pas prétendre avoir compris l’histoire d’Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden.
2/ Une piste, déjà ?
J’imagine que des milliers de personnes ont déjà été dérangé par cette question. Et parmi eux, il y en a un qui est assez remarquable. Il s’agit du Rambam – Maïmonide – dans son œuvre philosophique majeure qu’est le Moré Névoukhim – Guide des Egarés[6]. Et voilà, en quelques mots, sa réponse :
L’Arbre de la Connaissance ne nous a pas donné la connaissance de ce qui est bien ou mal ; plutôt, il a transformé une connaissance que nous avions déjà en une connaissance que nous appelons « Connaissance du Bien et du Mal ».
Le Rambam dit que s’il nous paraît naturel aujourd’hui de parler de moralité en utilisant les termes de « bien » et de « mal », ce n’était pas le cas dans le monde d’Adam et ’Hava avant la faute. Selon le Rambam :
Avant d’avoir consommé de l’Arbre, les gens parlaient en termes de : Emeth – vrai et Sheker – faux. Ce qu’il faut faire est Emeth ; et ce qu’il ne faut pas faire est Sheker. Ce n’est qu’après avoir consommé de l’Arbre que les hommes ont remplacés ces termes par Tov – bien et Ra’ – mal.
Ceci peut nous paraître plutôt bizarre. Aujourd’hui, on utilise les termes « vrai » et « faux » dans des sciences exactes par exemple. Dire « 2+2 = 4 » est « vrai » ; dire « 2+2=5 » est « faux ». Et on utilise les termes de « bien » et « mal » pour définir des situations morales. « Donner de l’argent à un pauvre », c’est « bien » ; ce n’est ni « vrai » ni « faux », c’est « bien ». De même « voler l’argent de son ami », c’est « mal » ; mais on ne dirait pas que c’est « faux ». Et pourtant, selon le Rambam, c’est comme cela que nous parlerions dans le monde d’avant l’Arbre, dans le monde originel d’Eden…
La réponse du Rambam est pour le moins énigmatique pour nous qui vivons dans le monde d’après l’Arbre et sommes imbibés de ces notions de « Bien » et « Mal ». Dans la suite de cet article, nous nous attacherons à développer cette théorie du Rambam en continuant à explorer nos textes. Continuons déjà à soulever les questions qu’une personne normalement constituée se poserait sur l’histoire de « Adam et ’Hava dans le Gan ’Eden ».
Le Serpent
3/ L’homme est un animal social
Attardons-nous un peu sur un personnage secondaire de cette histoire, à savoir le serpent. Disons qu’il s’agit vraiment d’un serpent – suivant ainsi la compréhension simple du texte – et voyons comment la Torah le décrit.
Déjà, il parle. Et, en plus, on n’est même pas censé être surpris par cette faculté du serpent ! Personne ne s’étonne de voir un animal parler. Alors que l’autre fois dans la Torah où l’on voit un animal parler – il s’agit de l’ânesse de Bil’am – on est censé être étonné. Le serpent parle à ’Hava, et celle-ci n’est pas étonnée de voir un animal parler. Bil’am, lui, a été très surpris d’entendre son ânesse lui parler…
Non seulement parle-t-il, mais il marche aussi. Nous le savons grâce à la fin de l’histoire où Hachem punit le serpent et qu’à partir de ce moment-là il devra ramper et manger la poussière. Cela sous-entend donc qu’avant la malédiction, il marchait et qu’il avait une alimentation variée. Ce serpent aime la bonne nourriture.
De plus, c’est un serpent intelligent. (Béréchit 3 :1) : « וְהַנָּחָשׁ, הָיָה עָרוּם, מִכֹּל חַיַּת הַשָּׂדֶה » - « Mais le serpent était rusé, plus qu'aucun des animaux terrestres ».
Résumons. Le serpent est un être qui marche, parle, aime la bonne nourriture et est intelligent. Quelle différence avec un homme ? Il a l’air d’en avoir les caractéristiques. Ceci nous pousse à nous demander : qu’est-ce qui fait qu’un homme est un homme et non un serpent ? Et si vous marchez, parlez, êtes intelligent, cela fait-il de vous une personne ? Il se pourrait que vous soyez un serpent… Finalement, ce serpent nous force à réfléchir : quelle est la ligne de démarcation qui sépare, de manière fondamentale, l’homme de l’animal ?
Continuons à analyser ce personnage mystérieux qu’est le serpent.
4/ Argument peu convaincant ?
Pour un être doué d’une intelligence remarquable, l’argument qu’il utilise pour convaincre ’Hava de manger de l’Arbre peut paraître bien simple et surtout peu convaincant… Si j’étais à la place du serpent, j’aurais fait comme la méchante sorcière de blanche-neige ; j’aurais vanté les qualités de cet arbre, son caractère appétissant, sa beauté etc. Mais ce n’est pas du tout ce que fait le serpent. Il dit (Béréchit 3:1) : « אַף כִּי-אָמַר אֱלֹקִים, לֹא תֹאכְלוּ מִכֹּל עֵץ הַגָּן » - « Même si D.ieu a dit “Vous ne mangerez d’aucun arbre du Jardin” »[7]. Ce qui ressemble à une phrase incomplète, vous ne trouvez pas ?
Et même si nous essayions de terminer la phrase du serpent, cela ne la rendrait pas tellement plus compréhensible. On a l’impression que le serpent dit à ’Hava : « Même si D.ieu a dit de ne manger d’aucun arbre du Jardin… Et alors ? Mangez-en quand-même ! ».
Mais attendez une seconde ! Tout ce que le serpent trouve à dire pour convaincre ’Hava de manger de l’Arbre est de lui rappeler que D.ieu le lui a interdit ! Surtout que D.ieu n’est pas un concept abstrait pour ’Hava, il vient à peine de la créer en personne. Qu’est-ce que c’est que ce genre de tentation : « Et même si D.ieu a dit non, et alors ? » ?!
5/ On n’a pas trouvé le mobile
Le serpent est intelligent, comme on l’a vu. Or, normalement, tout être intelligent n’agit pas au hasard ; au contraire il poursuit un objectif et agit dans ce sens. Or le serpent ne semble pas avoir de motivation. Que cherche-t-il à faire en poussant ’Hava à transgresser l’ordre divin ?
Le passouk lui-même semble incomplet. En effet, la première fois qu’on nous parle du serpent, c’est dans le verset suivant (Béréchit 3:1) où il parle déjà à ’Hava sans qu’on ait pris le temps de nous le présenter. On ne sait ni d’où il vient ni ce qu’il cherche à faire :
א וְהַנָּחָשׁ, הָיָה עָרוּם, מִכֹּל חַיַּת הַשָּׂדֶה, אֲשֶׁר עָשָׂה ה׳ אֱלֹקִים; וַיֹּאמֶר, אֶל-הָאִשָּׁה, אַף כִּי-אָמַר אֱלֹקִים, לֹא תֹאכְלוּ מִכֹּל עֵץ הַגָּן.
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1 Mais le serpent était rusé, plus qu'aucun des animaux terrestres qu'avait faits l'Éternel-Dieu. Il dit à la femme: "Même si D.ieu a dit: vous ne mangerez rien de tous les arbres du jardin?"
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Si le texte ne répond pas à cette question, c’est qu’il prend pour acquis que vous le savez, que c’est évident. On a donc deux questions sur le mobile du serpent : pourquoi le texte semble considérer comme évidente la motivation du serpent ? Et… Quelle est cette motivation ?
6/ La nudité ou la ruse ?
Encore un élément interpelant au sujet de la description du serpent. La Torah nous dit qu’il était rusé en employant le terme ’aroum - « עָרוּם ». Il s’agit d’un jeu de mot évident si vous lisez le verset précédent, celui où l’on décrit le serpent comme étant « עָרוּם » - rusé en hébreu (Béréchit 2:25) :
כה וַיִּהְיוּ שְׁנֵיהֶם עֲרוּמִּים, הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ; וְלֹא, יִתְבֹּשָׁשׁוּ.
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25 Or ils étaient tous deux nus, l'homme et sa femme, et ils n'en éprouvaient point de honte.
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Dans ce verset, on retrouve le même terme de ’aroum - « עָרוּם » pour parler de l’homme et de sa femme. Mais là, ça ne veut pas dire « rusé » mais « nu »[8].
Pourquoi la Torah utilise-t-elle le mot ’aroum pour parler de la ruse du serpent alors même qu’elle utilise ce même mot à de nombreuses reprises pour parler de nudité ? Existe-t-il un lien conceptuel entre les notions de ruse et de nudité pour que la Torah choisisse d’en faire un seul mot ?
Ces deux notions – ruse et nudité – sont les contraires l’une de l’autre. Une personne rusée cherche à cacher la vérité ; la nudité n’a rien pour se cacher : la réalité est telle que vous la voyez…
Peut-être que le serpent avait ces deux attributs contraires. C’est-à-dire : bien qu’il soit réellement trompeur, il est, à un autre niveau, extrêmement franc. Tout dépend comment on regarde les choses. D’un certain point de vue, il essaye de les induire en erreur, mais d’un autre, il n’utilise que des arguments qui sont vrais !
La structure
Si vous le voulez bien, arrêtez ici la lecture de cet article pour quelques instants et cherchez dans le texte de la Torah où l’histoire de l’Arbre de la Connaissance démarre. Vous verrez qu’elle ne démarre pas avec le serpent, mais bien avant. Alors où commence-t-elle ? Trouvez-vous que la Torah fait une digression qui ne soit pas nécessaire ?
7/ Quand tout a commencé
En général, on pense que l’histoire commence avec l’apparition du serpent au début du chapitre 3. En vérité, elle démarre plus tôt, au milieu du chapitre 2 (Béréchit 2:9 puis[9] 16-17) avec la création de l’Arbre puis l’ordre de ne pas en manger:
ט וַיַּצְמַח ה׳ אֱלֹקִים, מִן-הָאֲדָמָה, כָּל-עֵץ נֶחְמָד לְמַרְאֶה, וְטוֹב לְמַאֲכָל--וְעֵץ הַחַיִּים בְּתוֹךְ הַגָּן, וְעֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע.
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9 L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de la vie au milieu du jardin[10], et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
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16 L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir;
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17 mais l’arbre de la science du bien et du mal, tu n’en mangeras point: car du jour où tu en mangeras, tu dois mourir!"
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Que se passe-t-il après ces deux versets ? On aurait imaginé que, maintenant que la consommation de l’Arbre de la Connaissance est interdite, le serpent pourrait apparaître et l’histoire continuer comme on la connaît.
Mais ce n’est pas ce qui se passe. En effet, après cette présentation des deux arbres, D.ieu déclare :
יח וַיֹּאמֶר ה׳ אֱלֹקִים, לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ; אֶעֱשֶׂה-לּוֹ עֵזֶר, כְּנֶגְדּוֹ.
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18 L’Éternel-Dieu dit: "Il n’est pas bon que l’homme d’être seul; je lui ferai une aide digne de lui."
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Hachem se met alors à lui chercher une épouse. En voilà une digression ! Et c’est seulement après avoir créé toutes les bêtes des champs, et avoir créé ’Hava que l’on peut enfin parler du serpent et continuer l’histoire telle qu’on l’a connaît.
Cette digression paraît hors de contexte. Pourquoi la recherche d’une épouse pour Adam interromp-t-elle l’histoire de l’Arbre de la Connaissance ? Il aurait été bien plus logique de commencer par la création des animaux, puis de la femme et seulement après parler des deux arbres, de l’interdiction de consommer de l’Arbre de la Connaissance, du serpent etc.
8/ Surprenante digression
Non seulement la digression n’a pas l’air d’être à sa place, mais l’histoire qu’elle rapporte est pour le moins curieuse. Reprenons : D.ieu déclare que l’homme est seul et qu’il a besoin d’une épouse. Mettez-vous à la place de D.ieu. Que faites-vous alors ?
On imaginerait bien : nuages, feux d’artifices, et… Hop… Voila ’Hava qui apparaît en robe de mariée ! Mais ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. (Béréchit 2:19 et suivants) :
יט וַיִּצֶר ה׳ אֱלֹקִים מִן-הָאֲדָמָה, כָּל-חַיַּת הַשָּׂדֶה וְאֵת כָּל-עוֹף הַשָּׁמַיִם, וַיָּבֵא אֶל-הָאָדָם, לִרְאוֹת מַה-יִּקְרָא-לוֹ; וְכֹל אֲשֶׁר יִקְרָא-לוֹ הָאָדָם נֶפֶשׁ חַיָּה, הוּא שְׁמוֹ.
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19 L’Éternel-Dieu avait formé de matière terrestre tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel. Il les amena devant l’homme pour qu’il avisât à les nommer; et telle chaque espèce animée serait nommée par l’homme, tel serait son nom.
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20 L’homme imposa des noms à tous les animaux qui paissent, aux oiseaux du ciel, à toutes les bêtes sauvages; mais pour lui-même, il ne trouva pas de compagne qui lui fût assortie.
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D.ieu crée toutes les bêtes des champs et les amène, une par une, devant Adam pour voir s’il peut trouver une épouse convenable parmi elles. Et au passage, il donne un nom à chacun des animaux.
Un instant. Pourquoi jouer à ce petit jeu ? D.ieu ne sait-il pas qu’un zèbre ne convient pas à Adam ? Et pourquoi répéter l’expérience avec le flamand rose et l’hippopotame ?
Et ce n’est qu’après cette expérience que D.ieu crée la femme. La suite de l’histoire, on la connaît ; c’est là que le serpent entre en jeu.
Vers une solution
Et si nous nous trompions ? Toutes ces questions que nous avons soulevées ont l’air de dire que cette digression est à sa place : elle ferait partie de l’histoire et ne serait pas une digression… J’aimerais vous soumettre l’idée que la « tentative » de D.ieu de trouver l’âme sœur d’Adam n’est pas une digression mais au contraire est un élément crucial de tout le récit de l’Arbre de la Connaissance.
Une digression qui n’en est pas vraiment une
D.ieu sait tout. Donc, Il sait évidemment qu’un flamand rose ne convient pas à Adam. Mais Adam lui-même le sait-il ? Cette expérience a visiblement l’objectif de démontrer empiriquement à Adam qu’aucun animal (littéralement ’hayat hassadé) ne lui convient. Et c’est bien le fait qu’aucun animal n’ait réussi le test d’Adam qui conduit à la création de ’Hava.
Et c’est là qu’on nous présente le serpent comme étant le plus rusé de toutes les ’hayat hassadé. Ce mot ’hayat hassadé nous renvoie forcément au ’hayat hassadé que D.ieu a présenté une à une à Adam[11]. C’est-à-dire que le serpent fait partie de ceux qui viennent de rater le test d’Adam. Adam vient de rejeter le serpent en faveur de ’Hava.
« Mais ce n’est pas juste ! » se dit le serpent, « qu’ai-je donc de moins que l’homme ? Je parle, je marche, je suis intelligent etc. ! »
Le voilà, le mobile du serpent ! Il veut démontrer qu’Adam se trompe, qu’un représentant du monde animal peut être une compagne acceptable pour l’être humain. Et c’est tellement évident, vu l’enchainement des évènements (présentation des animaux, refus d’Adam, choix pour ’Hava, apparition du serpent comme membre supérieur de la caste des ’hayat hassadé) que la Torah ne daigne même pas nous expliciter le mobile du serpent.
Un midrash[12] étrange a l’air dans le même sens que nous. Ce texte ancien raconte que le serpent voulait que ’Hava donne du fruit défendu à son mari afin que celui-ci meurt et qu’enfin il puisse l’épouser. Ceci paraît grotesque, n’est-ce pas ? A quoi ressembleraient les enfants d’une telle union ?
Le midrash parle de manière allégorique pour donner des messages d’une grande profondeur. Je pense qu’ici le midrash veut nous faire tendre vers une conclusion que nous avons déjà effleurée lors de notre « séance de questions ». C’est le monde animal, le monde des ’hayat hassadé, avec comme représentant le serpent, qui formule une remise en question au premier des hommes : « En quoi es-tu spécial ? Qu’est-ce qui fait de toi un être si différent de nous pour que tu refuses de prendre l’un des nôtres pour épouse ? »
Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul
La digression commence par ce constat fait par D.ieu (Béréchit 2:18) : « לֹא-טוֹב הֱיוֹת הָאָדָם לְבַדּוֹ » - « il n’est pas bon pour l’homme d’être seul ». Adam est en charge de la nature, il gère un monde qu’il perçoit comme différent de lui, fondamentalement. Et il est seul dans ce rôle. Il se sent d’autant plus seul… Le risque, dans ce cas là, c’est qu’il se trompe et se dise que finalement un animal pourrait bien jouer le rôle de sa compagne…
Alors Hachem veut faire prendre conscience à Adam qu’il n’a rien à voir avec les animaux. En le confrontant à chaque animal et en le laissant choisir un nom à chacun d’eux, Hachem cherche peut-être à vacciner l’humanité contre une tentation à laquelle elle allait être confrontée, Il veut qu’Adam soit convaincu de la futilité que représente une union avec l’animal, Il veut qu’il soit convaincu par l’expérience. Ce n’est qu’après cette épreuve qu’Adam était prêt à apprécier la venue de ’Hava, cette femme avec qui il pouvait avoir une compatibilité exceptionnelle. Et Adam le reconnaît (Béréchit 2:23) :
כג וַיֹּאמֶר, הָאָדָם, זֹאת הַפַּעַם עֶצֶם מֵעֲצָמַי, וּבָשָׂר מִבְּשָׂרִי; לְזֹאת יִקָּרֵא אִשָּׁה, כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת.
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23 Et l’homme dit: "Celle-ci, pour le coup, est un os de mes os, une chair de ma chair; celle-ci sera nommée Icha, parce qu'elle a été prise de Ich."
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Il est normal qu’il soit attiré par elle. En effet, elle vient de lui : « כִּי מֵאִישׁ לֻקְחָה-זֹּאת ». Elle et lui faisaient un, puis il a été séparé d’elle ; il est naturel qu’il cherche à tout prix à retrouver ce qu’il a « perdu ». C’est exactement le phénomène que l’on voit : nous restons chez nos parents de qui nous provenons et nous ne les quittons que pour retrouver notre partie qui a été séparée de nous, notre âme sœur. C’est ce que le verset suivant à l’air de nous dire[13] (Béréchit 2 :24) :
כד עַל-כֵּן, יַעֲזָב-אִישׁ, אֶת-אָבִיו, וְאֶת-אִמּוֹ; וְדָבַק בְּאִשְׁתּוֹ, וְהָיוּ לְבָשָׂר אֶחָד.
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24 C'est pourquoi l'homme abandonne son père et sa mère; il s'unit à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
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Il y a un lien organique qui lie l’homme et la femme et ce lien ne peut pas exister entre l’homme et l’animal… Après cette épreuve et la création de ’Hava, l’homme est fin prêt à affronter la remise en question du monde animal : « n’es-tu pas l’un de nous ? ». Et cette remise en question, comme nous allons le voir, fait partie intégrante du récit de l’Arbre de la Connaissance…
L’argument du serpent : So what ?
Continuons l’histoire. On nous précise que l’homme et sa femme étaient nus mais n’en éprouvaient aucune honte et le serpent apparaît.
Nous nous étions étonnés du caractère peu convaincant de l’argument utilisé par le serpent pour pousser ’Hava à consommer du fruit de l’arbre « Et Même si D.ieu a dit “Vous ne mangerez d’aucun arbre du Jardin”, et alors ? ». J’aimerais vous présenter l’interprétation qu’en fait Rav Shimshon Raphaël Hirsch, un géant de l’exégèse biblique du 19ème siècle. Rav Hirsch suggère que l’accentuation dans la phrase du serpent doit être sur le mot « a dit ». Ainsi, l’argument du serpent devient tout d’un coup sophistiqué et difficilement réfutable :
Quand ’Hava a vu le fruit, elle l’a désiré, elle l’a voulu. L’arbre était « habillé » du désir, il est merveilleux à voir. Et là le serpent dit à ’Hava : « Et Même si D.ieu a dit “Vous ne mangerez d’aucun arbre du Jardin”, et alors ? ». Quel est la suite implicite de cette phrase ? Rav Hirsch prétend que celle-ci vient en opposition à « a dit » et que le serpent lui tint à peu près ce langage :
D.ieu a peut-être dit de ne pas manger de l’arbre, mais laisse moi te poser une question : « Est-ce que tu veux, toi, manger de cet arbre ? ». Et si tu en as réellement envie, qui a mis ce désir en toi ? N’est-ce pas D.ieu Lui-même qui a placé ce désir en toi ? C’est D.ieu qui t’a créée, et il t’a créée avec ce désir pour cet arbre. Ce désir correspond à la voix de D.ieu qui te parle…
Pensez à un animal : est-ce qu’un animal suit des règles ? Comment un animal fait-il pour suivre la volonté divine ?[14] La réponse est qu’un animal fonctionne à l’instinct. Il se comporte naturellement parce que c’est comme cela qu’il a été créé, avec les lois de D.ieu en eux.
Lorsque le serpent s’adresse à ’Hava, il est complètement naïf, il est direct et transparent : il est nu. Il emploie des arguments qui correspondent à sa manière de voir les choses : ses désirs à lui sont des instincts, ce sont des volontés que D.ieu a mis en lui ; lui doit écouter ses désirs car ils représentent la volonté divine… Mais ceci est vrai pour un serpent, pour un animal, mais n’est pas vrai pour un homme…
Nous nous étions interrogés sur ce qui sépare l’homme de l’animal. Eh bien, je crois que nous sommes prêts à traiter cette question.
Ce n’est pas parce que nous parlons que nous sommes différents de l’animal. Ce n’est pas parce que nous marchons que nous sommes différents de l’animal. Ce n’est même pas parce que nous sommes intelligents que nous sommes différents de l’animal.
Peut-être que ce qui fait de nous un être humain et non un animal réside dans la réponse que nous donnerions à cette question : « Comment D.ieu s’adresse-t-Il à vous ? Entendez-vous Sa voix ? Ou bien ne vous parle-t-Il que par ce que vous entendez en vous ? ».
Si D.ieu vous parle à travers l’instinct, si tout ce que vous avez à faire pour savoir ce que D.ieu attend de vous est d’examiner vos désirs, c’est que vous êtes un animal. Mais si vous restez extérieur à votre instinct, si vous examinez vos désirs avec un œil critique, si vous faites la part des choses et que vous comprenez que D.ieu s’adresse à la partie de vous qui est au dessus de vos désirs, si vous êtes capables de dépasser vos désirs, c’est que vous êtes un être humain.
C’est cela la tentation de l’Arbre de la Connaissance. Le serpent dit à ’Hava qu’elle devrait – comme lui le fait – s’identifier à ses désirs, c’est même comme cela qu’elle laisserait exprimer la volonté divine ! « Soit comme moi, regarde, tu n’es pas tellement différent de moi. Ça n’existe pas d’être séparé de ses désirs, de les contrôler! Ces désirs sont en toi, ils sont toi, c’est D.ieu qui les a mis en toi, c’est comme cela qu’Il te parle. Les désirs ne sont pas des choses que tu as mais que tu es ! »
Qu’est-ce qui a changé ?
Arbre du désir
On a vu que l’arbre de la connaissance est « habillé » de désir, que lorsque j’en mange, j’introduis cette notion de désir – qui était extérieure à moi jusqu’à présent – en moi. Il s’agit probablement d’une métaphore : manger de cet arbre signifie changer de perspective ; dorénavant, je verrai le monde à travers les lunettes du désir. Avant, je voyais le désir comme une chose extérieure à moi ; et maintenant, je m’y suis installé ; je suis dans mon désir, dans les passions de mon cœur.
Au passage, il est très intéressant de noter qu’un midrash[15] décrit la différence entre un tsadik et un racha’ comme suit : le racha’ se trouve dans son cœur (par exemple Haman[16] au sujet duquel il est dit « בלבו המן ויאמר » - « il dit dans son cœur »), tandis que le tsadik est en dehors de son cœur (par exemple au sujet de David « לבו אל דוד ויאמר » - « il dit à son cœur »). C’est-à-dire que le racha’ voit le monde à travers ses désirs, ou plutôt, il est aveuglé par ses désirs, il ne voit que ses désirs, il vit dans le périmètre de ses désirs.
J’aime bien utiliser la métaphore d’une voiture pour parler de désir. Et comme toute bonne voiture, elle a un volant. Une personne qui s’identifierait à ses désirs, est comparable à une personne qui irait s’asseoir sur le capot de cette voiture ; il aurait bien du mal à la diriger, elle serait hors de contrôle. Tandis que celui qui dépasse ses désirs, qui les contrôle est semblable à celui qui a son permis de conduire et qui est assis au volant de la voiture.
Lorsque je m’identifie à mes désirs, je vois le monde différemment. Je ne vois plus les choses comme étant vraies ou fausses mais comme étant bonnes ou mauvaises.
Le voile du désir
Le Bien et le Mal sont des notions subjectives. En mangeant de l’Arbre de la Connaissance, c’est ma vue de la moralité qui devient subjective, parce qu’elle devient polluée par mes propres désirs.
Lorsque j’essaie de savoir si ma manière d’agir est vraie, alors je fais la réflexion suivante : « si ce que je veux correspond à ce que D.ieu veut, alors je suis dans le vrai ; sinon, je suis dans le faux. » Et c’est comme ça que je prends mes décisions.
Dans le monde d’avant l’Arbre, c’est-à-dire un « monde de vrai/faux », j’ai la possibilité de distinguer clairement ma volonté de celle de D.ieu. Je vois distinctement la volonté de D.ieu, c’est le « vrai ». Et je peux choisir de suivre la volonté de D.ieu, je serai dans le vrai ou bien je peux choisir de ne pas la suivre et je serai dans le faux. Le vrai et le faux se réfèrent à une entité qui est extérieure à moi. Et dans ce monde d’avant l’Arbre, il y a une erreur que je ne peux jamais faire : croire que mes désirs sont en fait la volonté de D.ieu. Mes désirs sont bien séparés de la volonté de D.ieu dans mon esprit et je n’ai aucune gymnastique intellectuelle à faire pour arriver à les dissocier.
Et c’est cela qui a changé dans le monde d’après l’Arbre, dans le monde du Bien et du Mal.
Les mots « bien » et « mal » portent à confusion. D’un côté ils ont l’air de définir le caractère moral d’une chose. C’est moralement bien ou c’est moralement mal ; que l’on pourrait traduire respectivement par « vrai » et « faux ». D’un autre côté, lorsque la Torah emploie le mot «bien », elle n’a pas l’air de parler de choix moral. Voici deux exemples :
- Lors de la création (Béréchit 1:4) : « וַיַּרְא אֱלֹקִים אֶת-הָאוֹר, כִּי-טוֹב » - « D.ieu considéra que la lumière était bonne »
- Lorsque Lavan reconnaît que tout ce qui est arrivé à Eli’ézer venait forcément de D.ieu, il dit « לֹא נוּכַל דַּבֵּר אֵלֶיךָ, רַע אוֹ-טוֹב » - « Nous ne pouvons te parler ni en mal, ni en bien »
Que signifie le terme « bien » dans ces contextes ?
Lorsque Lavan s’exprime, il n’est évidemment pas en train de dire qu’il ne saurait juger moralement la situation. Il dit simplement : « Vu que la situation présente est le fruit de la providence divine, il serait complètement déplacé pour nous d’exprimer nos désirs personnels ». Le « bien » et le « mal » dans la bouche de la Lavan correspondent aux désirs.
Lorsqu’un enfant repousse un plat de brocolis en disant « ce n’est pas bon », il n’exprime pas un avis moral sur les brocolis. Plutôt, il parle de lui-même. Il n’aime pas les brocolis. Mais il n’a pas exprimé d’avis sur les brocolis eux-mêmes, il n’a pas décrit une caractéristique propre aux brocolis. Il a décrit sa réaction face aux brocolis : il a été complètement subjectif, il a laissé parler ses désirs.
La racine du Mal
Le fait que les mots « bien » et « mal » aient une double signification est exactement ce qui nous permet de comprendre la théorie du Rambam dont nous avons parlé plus haut.
Dans le monde d’après l’Arbre, vous ne savez jamais si votre décision est uniquement basée sur la vérité seulement. Vous ne savez jamais réellement si ce que vous estimez comme « juste », « bien », « vrai » l’est effectivement ; Peut-être est-ce simplement une chose que vous « voulez », que vous « désirez »… C’est de cette manière que le Mal opère dans le monde : lorsque j’observe le monde à travers les lunettes de mes propres désirs. Mes désirs rendent flous ma vision du monde ; ils sont là pour tenter de me convaincre que ce que je veux correspond à ce que D.ieu veut.
Et c’est pour cela que c’est tellement difficile de faire face à une « mauvaise » personne. En effet, une telle personne ne se rend pas compte qu’elle est mauvaise. Elle est au contraire persuadée qu’elle est dans le vrai ! Que s’est-il passé ? C’est le désir qui les aveugle…
Une caractéristique divine
Une fois que l’homme a consommé de l’Arbre, D .ieu dit (Béréchit 3:22) « הֵן הָאָדָם הָיָה כְּאַחַד מִמֶּנּוּ, לָדַעַת, טוֹב וָרָע » - « Voici l'homme devenu comme l'un de nous, en ce qu'il connaît le bien et le mal ».
Qui connaît le mieux les désirs de D.ieu que D.ieu Lui-même ? D.ieu conduit le monde par Ses désirs (et notre rôle est de se conformer à eux). Cette caractéristique qui est de prendre des décisions à travers le prisme de ses propres désirs, est une caractéristique divine, si l’on peut dire.
Travail à faire pour la prochaine fois
Avant de retourner à nos histoires de ‘Noa’h et sa vigne’ ou encore de ‘la tour de Babel’, on a encore quelques questions à élucider.
Quelle relation existe-t-il entre les punitions – enfantement difficile pour la femme, travail de la terre difficile pour l’homme – et le « crime » qu’ils ont commis ? En quoi ces punitions correspondent-elles à la faute ?
Au passage, le même terme est employé pour la punition d’Adam et celle de ’Hava. Il s’agit du mot souffrance, peine, fatigue : « עצבון ». Pour la femme : « הַרְבָּה אַרְבֶּה עִצְּבוֹנֵךְ וְהֵרֹנֵךְ--בְּעֶצֶב, תֵּלְדִי בָנִים ». Et pour l’homme : « אֲרוּרָה הָאֲדָמָה, בַּעֲבוּרֶךָ, בְּעִצָּבוֹן תֹּאכְלֶנָּה ». Quel lien y-a-t-il entre la faute d’Adam et ’Hava et le « עצבון » ?
D’autre part : quelle relation de cause à effet y-a-t-il entre le fait de manger de l’Arbre et le fait de prendre conscience de sa nudité ou, pire encore, d’avoir peur de sa nudité ?
Et puis, si l’on peut facilement imaginer ce qu’est d’être gêné par sa nudité, qu’est-ce que cela signifie d’avoir peur de sa nudité ?
A la prochaine !
Traduit librement par Naty à partir d’une série de conférences données par Rav Fohrman en 2007. Le titre original de la série est : « Brief History of the World: From Adam to Abraham ».
Pour accéder au cours suivant: http://ravfohrman.blogspot.com/2013/06/breve-histoire-du-monde-711-la.html
[1] Le simple fait que ces trois histoires marquent la fin des parallèles me fait dire qu’elles ont une importance capitale pour la compréhension de l’ensemble du livre de Béréchit. Au-delà de la simple impression, je m’attacherai à démontrer cela par la suite.
[2] Ce que nous allons voir est en grande partie déjà consigné dans la première partie de mon livre Adam & Eve – Caïn et Abel. Cependant, d’une part, je serai ici plus bref que dans mon livre. Et d’autre part, ma vision des choses a légèrement évolué depuis la parution du livre.
[3] N.d.T – Si c’est vrai que certaines parties de ce cours sont déjà connues des lecteurs du livre de Rav Fohrman, je vous mets au défi de deviner en quoi ces éléments éclairent notre problématique présente.
[4] Ça, c’est le menu pour aujourd’hui. Mais par la suite, nous ferons le même exercice pour les deux autres histoires…
[5] N.d.T – Béréchit 2:15 jusqu’à la fin du chapitre 3.
[6] N.d.T – Partie I, Chapitre 2.
[7] Il s’agit de la traduction littérale…qui pose d’ailleurs problème comme nous allons le voir tout de suite et c’est la raison pour laquelle les traducteurs n’ont pas traduit cette phrase littéralement.
[8] Au passage, comme nous le verrons plus tard, le thème de la nudité est très présent dans cette histoire. D’ailleurs, il est intéressent de remarquer que la seule connaissance que l’homme a après avoir mangé de l’Arbre est la conscience de sa nudité. C’est étrange, non ? Tout ça pour ça ? Et, surtout, il en est gêné. Pire, il en a peur… Comment comprendre cela ? Nous verrons tout cela par la suite…
[9] Entre les deux, il y a la digression sur les rivières qui divergent dont on a déjà parlé précédemment dans cette série.
[10] Quel est l’arbre qui est au milieu du jardin ? L’arbre de la Vie, celui qu’on peut manger ! Et puisqu’on ne connait pas l’emplacement de l’Arbre de la Connaissance, il n’est sans doute pas au milieu du Jardin… Il sera remarquable de noter que ’Hava parlera de l’Arbre de la Connaissance comme étant celui qui est au milieu du Jardin. Nous verrons cela plus tard. Peut-être est-ce juste une question de perspective : pour D.ieu le focus est sur l’Arbre de la Vie, il veut vraisemblablement que l’homme en mange (il est au milieu du Jardin et il donne l’ordre à l’homme de manger des arbres du Jardin – verset 16) ; alors que pour ’Hava le focus est sur l’arbre qu’elle veut manger…
[11] Le mot ’hayat hassadé n’apparaît que deux fois dans toute la Torah : quand Hachem présente les animaux à Adam et quand on présente le serpent !
[12] N.d.T – Béréchit Rabba 18:6, cité par Rachi sur le verset 3:1.
[13] Et que, sans cette explication, nous aurions trouvé hors de propos.
[14] Et, de manière plus générale : comment se fait-il qu’il ya ait des lois de la Nature ? Pourquoi l’eau de la rivière ira toujours de l’amont vers l’aval ?
[15] Béréchit Rabba 34:10
[16] Nos sages (TB Hulin 139b) voient une allusion à Haman dans la Torah, précisément dans l’histoire de l’Arbre de la Connaissance.
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