Depuis le début de la série et jusqu’au cours précédent, nous avons vu toute une suite de parallèles entre l’histoire de la Création (Béréshit 1-2) et celle de la recréation qui suivit le déluge (Béréshit 8-9). Nous en avions conclu, au minimum, que ce qui suivit le déluge ne fut pas seulement une sorte de régénération de l’Humanité mais l’histoire d’une recréation du monde dans son ensemble.
Cela signifie donc aussi que le déluge n’a pas seulement détruit l’Humanité mais le monde entier. Le monde d’après le déluge est un monde nouveau – un monde où les règles ont changé.
Alors que l’homme originel, Adam, était à égalité avec l’animal puisqu’ils partageaient la même nourriture ; l’homme post-déluge est supérieur à l’animal, il peut le tuer pour le consommer. L’homme a un rôle plus important dans le monde ; rappelez-vous de cette image forte : c’est D.ieu qui ferme la porte de l’arche de Noa’h juste avant que le déluge ne commence mais c’est bien Noa’h qui l’ouvre après le déluge…
Cette idée que D.ieu a recréé le monde se retrouve même dans la guématria – valeur numérique – des versets, comme nous l’avons déjà relevé (2ème cours de la série) dans les deux versets suivants (Béréshit 1:1 et 8:14) :
א בְּרֵאשִׁית, בָּרָא אֱלֹקִים, אֵת הַשָּׁמַיִם, וְאֵת הָאָרֶץ.
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1 Au commencement, D.ieu créa le ciel et la terre.
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יד וּבַחֹדֶשׁ, הַשֵּׁנִי, בְּשִׁבְעָה וְעֶשְׂרִים יוֹם, לַחֹדֶשׁ--יָבְשָׁה, הָאָרֶץ.
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14 Et au deuxième mois, le vingt-septième jour du mois, la terre était sèche.
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Le premier parle de la création de la Terre ; le second narre la réapparition de la Terre après le déluge. Ces deux versets ont la même valeur numérique (!) – comme pour appuyer toute notre analyse : la fin du déluge marque bien le début d’un nouveau monde.
Petit Rappel
Nous avions remarqué que chaque jour de la création trouvait son parallèle dans la recréation et nous étions arrivés au 7ème jour de la création – le Shabbat – qui se faisait l’écho, par un ensemble de liens, du signe de l’arc-en-ciel d’après le déluge (cf. 3ème cours de la série). Nous avions vu que des mots tels que « alliance » – Berith ; « symbole » – Oth étaient omniprésents. De même pour Beini ouBeineikheim – « entre moi et vous » ou encore Lédoroth ‘Olam – « pour toutes les générations, à jamais ». Enfin, D.ieu se « souviendra » de cet alliance, de même que Son peuple est enjoint de se « souvenir » du jour du Shabbat (cf. le 4ème commandement dans la Parashat Yitro)…
Nous avions commencé à expliquer cela la dernière fois. Et nous avions proposé qu’il existe un parallèle conceptuel, fondamental, commun aux notions de Shabbat et de l’Arc-en-ciel : le Shabbat est à la Création ce que l’Arc-en-ciel est à la recréation. Le Shabbat marque la fin de la création ; l’Arc-en-ciel marque la fin de la destruction du monde. Tous deux sont nécessaires pour le maintien de la vie sur Terre. Tous deux sont des promesses de D.ieu qu’Il ne va pas mettre en péril l’équilibre naturel.
En effet, imaginez un monde sans le Shabbat, c’est-à-dire un monde où D.ieu n’a jamais fini de créer, un monde où peut surgir de nulle part une nouvelle créature de D.ieu qui pourrait dévorer l’Homme. Voudriez-vous avoir des enfants dans ces conditions ? C’est là que le Shabbat tombe à point nommé. Le Shabbat signifie, en quelques sortes : « Oui, vous pouvez avoir des enfants, le monde a trouvé un état de stabilité, de tranquillité, les lois de la physique sont maintenant figées… ». En fait, c’est le Shabbat qui permet au monde d’être vraiment viable !
Et ce n’est donc pas une coïncidence – avions-nous remarqué – si l’ordre de se multiplier : Pérou Ourevou - « Fructifiez-vous » précède immédiatement le Shabbat de la création.
L’Arc-en-ciel vient en miroir du Shabbat. L’Arc-en-ciel est la promesse que le monde ne sera plus détruit, que les saisons ne s’arrêteront plus, que l’homme peut compter sur la stabilité de la Terre sur laquelle il vit. Et c’est probablement pour cela que l’ordre de Pérou Ourevou - « Fructifiez-vous » fait suite immédiate à l’épisode de l’Arc-en-ciel.
Voilà où nous étions arrivés lors du dernier épisode. Avant de rappeler la question que nous avions laissée en suspens, j’aimerais ouvrir une petite parenthèse sur laquelle nous reviendrons plus tard.
Petite Parenthèse
Nous venons de rappeler que le champ lexical de l’Arc-en-ciel était très ressemblant à celui du Shabbat (tel que décrit dans Chémot 31) : Berith ; Oth ; Beini ouBeineikheim ; Lédoroth ‘Olam… Savez-vous qu’il existe dans la Torah un autre endroit où tous ces termes reviennent encore ? Allez, un petit indice : c’est dans le Séfer Béréchit. Encore un indice : quelle est la « Brith » que nous connaissons tous ? Ça y est, je crois que vous avez trouvé ! C’est bien la Brith Mila – circoncision. Là où ça en devient incroyable, c’est que l’épisode de la Brith Mila est aussi précédé par l’ordre de Pérou Ourevou ! Mais quel rapport a la circoncision avec les deux autres alliances ? Quelle est la signification de ces liens ? On ne voit pas, de manière immédiate, ce qui pourrait lier la Brith Mila au Shabbat.
Nous reviendrons sur cette question plus tard.
Voici la question que nous avions laissée en suspens la dernière fois : il y a quelque chose d’étrange à propos des relations entre l’arc-en-ciel et le Shabbat. En effet, jusqu’alors nous avions relevé les nombreux parallèles existants entre la création (chapitres 1-2) et la recréation (chapitres 8-9) ; depuis D.ieu, l’eau et le vent, en passant par les animaux, les hommes etc. Chaque élément de la recréation trouvait son parallèle originel dans la création. Il y a une exception : le Shabbat. En effet, les parallèles de l’arc-en-ciel nous ont renvoyés au Shabbat relaté dans Chémot 31 et non au Shabbat de la Création. Pourquoi la Torah nous renvoie-t-elle à Chémot au lieu de continuer sur sa lancée dans Béréchit? Pour répondre à cette question, il va nous falloir nous pencher un tout petit peu sur le passage du Shabbat de Chémot et de son contexte.
Le Shabbat de Chémot
Que se passe-t-il dans Chémot, à la suite de ce pasage sur le Shabbat? Eh bien, c'est l'histoire du veau d'or. C'est une histoire bien connue où Moché monte dans la montagne pour recevoir les tables de la loi; les enfants d'Israël sont inquiets car ne voient pas revenir Moché au moment où ils l'attendaient et fabriquent alors un veau d'or.
Contexte : Le veau d’or
Je vous invite à relire ce passage du veau d’or et à vous poser ma question favorite : qu’est-ce que cette histoire vous rappelle ? Quels liens éventuels voyez-vous avec les histoires que nous avons déjà vues (Création, recréation etc.) ?
Voyons la réaction de D.ieu face à cela (Chémot 32:6-14) :
ז וַיְדַבֵּר ה׳, אֶל-מֹשֶׁה: לֶךְ-רֵד--כִּי שִׁחֵת עַמְּךָ, אֲשֶׁר הֶעֱלֵיתָ מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם.
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7 Alors l'Éternel dit à Moïse: "Va, descends! car on a perverti ton peuple que tu as tiré du pays d'Égypte!
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Pause !
Hachem reproche au peuple de s’être perverti – « כִּי שִׁחֵת עַמְּךָ ». Cela ne vous rappelle-t-il rien ? Où avons-nous vu le terme « שחת » – « perversion » ou « destruction » revenir à plusieurs reprises ?
Cela fait évidemment penser à la perversion du monde (Béréchit 6:11 : « וַתִּשָּׁחֵת הָאָרֶץ » - « la terre s'était corrompue »). Cette corruption a été la cause du déluge – lui-même une destruction (Béréchit 6:13 « וְהִנְנִי מַשְׁחִיתָם, אֶת-הָאָרֶץ » - « et je vais les détruire avec la terre »).
Bien. Continuons. Une fois la situation décrite, D.ieu propose son projet à Moché : il s’agit d’anéantir le peuple d’Israël et de créer un nouveau peuple en repartant du seul Moché.
י וְעַתָּה הַנִּיחָה לִּי, וְיִחַר-אַפִּי בָהֶם וַאֲכַלֵּם; וְאֶעֱשֶׂה אוֹתְךָ, לְגוֹי גָּדוֹל.
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10 Donc, cesse de me solliciter, laisse s'allumer contre eux ma colère et que je les anéantisse, tandis que je ferai de toi un grand peuple!"
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La ressemblance n’est-elle pas frappante avec Noa’h ? Noa’h fut le seul survivant (avec sa famille) du déluge, ce qui fait de lui le père de toute l’humanité. Il y a de nombreux échos à l’histoire de Noa’h et du déluge dans l’épisode du veau d’or[1].
Mais Moché refuse cette offre, il refuse d’être le « nouveau Noa’h ». Au contraire, il se fait l’avocat des Bnei Israël et implore Hachem de ne pas mettre ses projets à exécution.
Alors D.ieu accède à la requête de Moché et sauve le peuple :
14 L'Éternel révoqua le malheur qu'il avait voulu, infliger à son peuple.
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Cette expression « וַיִּנָּחֶם, ה׳ »[2] - « Hachem regretta » n’est pas anodine. C’est une expression très rare dans la Torah ; elle n’apparaît que deux fois, en effet. Et, comme par hasard, l’autre occurrence de « וַיִּנָּחֶם, ה׳ » se trouve au début de l’histoire du déluge (Béréchit 6:6) où, devant les mauvais agissements de l’Homme sur Terre, D.ieu « regrette » de l’avoir créé et projette de détruire le monde :
6 et l'Éternel regretta d'avoir créé l'homme sur la terre, et il s'affligea en lui-même.
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Nous avons donc à faire à deux « וַיִּנָּחֶם » qui sont en miroir. Le premier marque le regret d’une création, le second exprime la retenue d’une destruction.
En réalité, les parallèles entre Chémot 31 (Shabbat, Veau d’or) et Béréchit 8-9 (Déluge, Arc-en-ciel) sont bien plus nombreux[3]. Le tout premier de la série de ces parallèles se trouve dans Chémot 31, et au milieu de la partie traitant du Shabbat. Pour être plus précis, la section du Shabbat est écrite en chiasme et le centre de ce chiasme est annonciateur de toute cette série de parallèles avec Noa’h et l’arc-en-ciel.
Double Chiasme
Analysons le passage du Shabbat dans Chémot 31:13-17 et essayons de faire ressortir le chiasme qui s’y cache :
יג וְאַתָּה דַּבֵּר אֶל-בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לֵאמֹר, אַךְ אֶת-שַׁבְּתֹתַי, תִּשְׁמֹרוּ: כִּי אוֹת הִוא בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, לְדֹרֹתֵיכֶם--לָדַעַת, כִּי אֲנִי ה׳ מְקַדִּשְׁכֶם.
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13 "Et toi, parle aux enfants d’Israël en ces termes: Toutefois, observez mes sabbats car c’est un symbole de moi à vous dans toutes vos générations, pour qu’on sache que c’est Moi, l’Éternel qui vous sanctifie.
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14 Gardez donc le sabbat, car c’est chose sainte pour vous! Qui le violera sera puni de mort; toute personne même qui fera un travail en ce jour, sera retranchée du milieu de son peuple.
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15 Six jours on se livrera au travail; mais le septième jour il y aura repos, repos complet consacré au Seigneur. Quiconque fera un travail le jour du sabbat sera puni de mort.
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16 Les enfants d’Israël seront donc fidèles au sabbat, en l’observant dans toutes leurs générations comme un pacte immuable.
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17 Entre moi et les enfants d’Israël c’est un symbole perpétuel, attestant qu’en six jours, l’Éternel a fait les cieux et la terre, et que, le septième jour, il a mis fin à l’œuvre et s’est reposé."
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Voici donc la forme chiastique que recèle ce passage sur le Shabbat:
Le Shabbat est un « signe »
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Garde le Shabbat
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Sainteté du Shabbat
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Interdiction du travail et sa conséquence
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Travaille 6 jours mais le 7ème est le Shabbat
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Sainteté du Shabbat
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Interdiction du travail et sa conséquence
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Garde le Shabbat
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Le Shabbat est un « signe »
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Souvenez-vous, nous avons vu, lors du cours précédent que le passage de l’arc-en-ciel est écrit en chiasme (Béréchit 9:9-17):
ט וַאֲנִי, הִנְנִי מֵקִים אֶת-בְּרִיתִי אִתְּכֶם, וְאֶת-זַרְעֲכֶם, אַחֲרֵיכֶם.
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9 "Et moi, je veux établir mon alliance avec vous et avec la postérité qui vous suivra;
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י וְאֵת כָּל-נֶפֶשׁ הַחַיָּה אֲשֶׁר אִתְּכֶם, בָּעוֹף בַּבְּהֵמָה וּבְכָל-חַיַּת הָאָרֶץ אִתְּכֶם; מִכֹּל יֹצְאֵי הַתֵּבָה, לְכֹל חַיַּת הָאָרֶץ.
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10 et avec toute créature vivante qui est avec vous, oiseaux, bétail, animaux des champs qui sont avec vous, tous les animaux terrestres qui sont sortis de l'arche.
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יא וַהֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי אִתְּכֶם, וְלֹא-יִכָּרֵת כָּל-בָּשָׂר עוֹד מִמֵּי הַמַּבּוּל; וְלֹא-יִהְיֶה עוֹד מַבּוּל, לְשַׁחֵת הָאָרֶץ.
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11 Je confirmerai mon alliance avec vous nulle chair, désormais, ne périra par les eaux du déluge; nul déluge, désormais, ne désolera la terre."
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יב וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים, זֹאת אוֹת-הַבְּרִית אֲשֶׁר-אֲנִי נֹתֵן בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה, אֲשֶׁר אִתְּכֶם--לְדֹרֹת, עוֹלָם.
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12 Dieu ajouta: "Ceci est le signe de l'alliance que j'établis, pour une durée perpétuelle, entre moi et vous, et tous les êtres animés qui sont avec vous.
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יג אֶת-קַשְׁתִּי, נָתַתִּי בֶּעָנָן; וְהָיְתָה לְאוֹת בְּרִית, בֵּינִי וּבֵין הָאָרֶץ.
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13 J'ai placé mon arc dans la nue et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre.
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יד וְהָיָה, בְּעַנְנִי עָנָן עַל-הָאָרֶץ, וְנִרְאֲתָה הַקֶּשֶׁת, בֶּעָנָן.
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14 A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre et que l'arc apparaîtra dans la nue,
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טו וְזָכַרְתִּי אֶת-בְּרִיתִי, אֲשֶׁר בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה, בְּכָל-בָּשָׂר; וְלֹא-יִהְיֶה עוֹד הַמַּיִם לְמַבּוּל, לְשַׁחֵת כָּל-בָּשָׂר.
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15 je me souviendrai de mon alliance avec vous et tous les êtres animés et les eaux ne deviendront plus un déluge, anéantissant toute chair.
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טז וְהָיְתָה הַקֶּשֶׁת, בֶּעָנָן; וּרְאִיתִיהָ, לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם, בֵּין אֱלֹקִים, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה בְּכָל-בָּשָׂר אֲשֶׁר עַל-הָאָרֶץ.
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16 L'arc étant dans les nuages, je le regarderai et me rappellerai le pacte perpétuel de Dieu avec toutes les créatures vivantes qui sont sur la terre.
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יז וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים, אֶל-נֹחַ: זֹאת אוֹת-הַבְּרִית, אֲשֶׁר הֲקִמֹתִי, בֵּינִי, וּבֵין כָּל-בָּשָׂר אֲשֶׁר עַל-הָאָרֶץ. {פ}
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17 Dieu dit à Noé: "C'est là le signe de l'alliance que j'ai établie entre moi et toutes les créatures de la terre."
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Etablir (au présent - מקים) une alliance avec Noa’h, sa descendance et tout être vivant
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Il n’y aura plus jamais de déluge pour détruire la terre
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Hachem montre le signe à Noa’h – signe d’une alliance éternelle
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(Je place) l’arc-en-ciel dans les nuages
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« Et ce sera un signe d'alliance entre moi et la Terre.
A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la Terre »
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L’arc-en-ciel (sera) dans les nuages
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Il n’y aura plus jamais de déluge pour détruire la Terre
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Il y aura un arc-en-ciel dans les nuages et je [D.ieu] le verrai
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Etablir (au passé - הקמותי) une alliance avec Noa’h, sa descendance et tout être vivant
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(Début d’) Analyse
Résumons. Nous avons deux passages de la Torah qui sont très proches textuellement. Ces deux passages sont écrits en suivant la même structure Atbach (chiasme). Si vous vous rappelez ce que nous avons expliqué sur les chiasmes dans le cours n°1 de la série quant à l’importance des centres des chiasmes, la question qui devrait vous brûler les lèvres est la suivante :
Quel rapport y a-t-il entre les centres de ces deux chiasmes ?
Ou, en d’autres termes, quel rapport y-a-t-il entre « Travaille 6 jours mais le 7ème est le Shabbat » et « Et ce sera un signe d'alliance entre moi et la Terre. A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre » ?
Nous reviendrons plus longuement sur ces chiasmes lorsque nous travaillerons le passage de la circoncision que nous avons évoquée au début de cet article. En effet, nous verrons à quel point ces trois histoires sont « entre-liées », formant un tout.
En attendant, voyons déjà une première analyse de la mise en relation de ces deux passages en mettant en parallèle les centres des chiasmes.
- « Travaille 6 jours mais le 7ème est le Shabbat » s’adresse à l’Homme. Celui-ci doit arrêter de créer lorsque le signe apparaît, à savoir le Shabbat.
- « Et ce sera un signe d'alliance entre moi et la Terre. A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre » s’adresse à D.ieu lui-même. Celui-ci ne continuera pas de détruire car il verra le signe, à savoir l’Arc-en-ciel.
En d’autres termes cela donne la similarité suivante :
- Lorsque l’Homme, qui a déjà créé, voudra encore créer, il devra s’arrêter, avec le signe de l’alliance qui apparaîtra : « Travaille 6 jours mais le 7ème est le Shabbat ».
- Lorsque D.ieu, qui a déjà détruit, voudra encore détruire, il s’arrêtera, avec le signe de l’alliance qui apparaîtra : « Et ce sera un signe d'alliance entre moi et la Terre. A l'avenir, lorsque j'amoncellerai des nuages sur la terre ».
Conclusion
En conclusion de ce paragraphe, toutes ces similitudes entre Chémot 31 (Shabbat, Veau d’or) et Béréchit 8-9 (Déluge, Arc-en-ciel) montrent principalement :
1. que l’épisode du veau d’or est une sorte d’histoire de recréation. En effet, comme avec Noa’h et le déluge, Hachem projette de détruire le peuple d’Israël et de repartir du seul Moché. Celui-ci, à la différence de Noa’h, refuse cette proposition et défend à tout prix son peuple.
2. que le Shabbat est à l’Homme ce que l’Arc-en-ciel est à D.ieu (en miroir). Car si l’Homme doit s’arrêter de créer lors de la venue du signe (shabbat), D.ieu, Lui, doit s’empêcher de détruire avec l’apparition du signe (arc-en-ciel).
Bien. Maintenant, fermons cette (grande) parenthèse au sujet de Shabbat de Chémot 31 et revenons au sujet qui nous a occupé lors des cours précédents, à savoir : la création et la recréation. Et la question que je pose est : jusqu’où vont les parallèles entre la création (Béréchit 1-2) et la recréation (Béréchit 8-9) ? On a déjà été jusqu’au 7ème jour de la création, peut-on aller encore plus loin ?
Création et Recréation : La Suite
Nos parallèles entre Création et Recréation ont été jusqu’au 7ème jour inclus, le Shabbat, qui marque le début du chapitre 2 de Béréchit. Si l’on vent chercher encore des parallèles, il faut analyser ce qu’il y a après le Shabbat. Que se passe-t-il donc dans le deuxième chapitre de Béréchit ?
Récit de la Création en double ?
Rappelez-vous ce dont nous avions parlé lors du premier cours de la série. En fait, le chapitre 2, juste après la création du Shabbat (cf. versets 4 et suivants) semble relater de nouveau la Création du Monde. Certains éléments de la création semblent répétés (par exemple la création de l’homme), d’autres ont l’air d’être en contradiction avec le Chapitre 1 (par exemple : utilisation du tétragramme Youd-Ké-Vav-Ké vs utilisation du nom Elokim ou bien Adam seul vs Adam et Hava).
Je vous avais parlé d’un essai remarquable de Rav J.D. Soloveichik sur la question. Il existe également d’autres analyses anciennes au moins aussi intéressantes, mais j’aimerais utiliser ce que nous avons déjà découverts et montrer qu’il y a une sorte d’unité ici entre les chapitres 1 et 2.
En fait, c’est beaucoup plus vaste. Car je crois que les chapitres 1,2 et 3 de Béréchit trouvent écho dans les chapitres 8, 9, 10 et 11. Ceci nous montrera à quel point il y a une unité essentielle entre toutes ces histoires de création.
Les générations
Revenons à Béréchit 2, juste après le Shabbat (v. 4 et suivants) et lisons attentivement.
ד אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם: בְּיוֹם, עֲשׂוֹת ה׳ אֱלֹקִים--אֶרֶץ וְשָׁמָיִם.
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4 Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; à l'époque où l'Éternel-Dieu fit une terre et un ciel.
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5 Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore; car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y en avait point pour cultiver la terre.
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ו וְאֵד, יַעֲלֶה מִן-הָאָרֶץ, וְהִשְׁקָה, אֶת-כָּל-פְּנֵי הָאֲדָמָה.
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6 Mais une exhalaison s'élevait de la terre et humectait toute la surface du sol.
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La Torah rappelle la création du monde, en précisant qu’il n’avait jamais plu à ce moment, et que donc, aucune végétation n’avait poussé. C’est pour cela que l’humidité s’éleva de la terre – tout cela parce que la pluie n’avait pas encore fait son apparition.
C’est dans ce contexte que la Torah rappelle la création de l’homme qui a suivi :
ז וַיִּיצֶר ה׳ אֱלֹקִים אֶת-הָאָדָם, עָפָר מִן-הָאֲדָמָה, וַיִּפַּח בְּאַפָּיו, נִשְׁמַת חַיִּים; וַיְהִי הָאָדָם, לְנֶפֶשׁ חַיָּה.
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7 L'Éternel-Dieu façonna l'homme, - poussière détachée du sol, - fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l'homme devint un être vivant.
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On sent bien que la Torah est en train de poser un contexte à une histoire. Elle raconte que D.ieu a planté un jardin, qu’il y a fait pousser de beaux arbres, en particulier deux arbres spéciaux : l’arbre de Vie et l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal.
ח וַיִּטַּע ה׳ אֱלֹקִים, גַּן-בְּעֵדֶן--מִקֶּדֶם; וַיָּשֶׂם שָׁם, אֶת-הָאָדָם אֲשֶׁר יָצָר.
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8 L'Éternel-Dieu planta un jardin en Éden, vers l'orient, et y plaça l'homme qu'il avait façonné.
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9 L'Éternel-Dieu fit surgir du sol toute espèce d'arbres, beaux à voir et propres à la nourriture; et l'arbre de vie au milieu du jardin, avec l'arbre de la science du bien et du mal.
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On nous présente donc l’Homme, puis l’arbre le plus connu du Gan ’Eden. On s’attend alors à ce que D.ieu explique à Adam les impacts que cet arbre aurait sur l’humanité s’il était consommé ; on s’attend en fait à ce que D.ieu donne l’ordre à l’Homme de ne pas en manger. Ceci arriverait à point nommé.
Mais là, bizarrement, nous sommes témoins d’une digression de la Torah…
10 Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin; de là il se divisait et formait quatre bras.
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11 Le nom du premier: Pichon; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or.
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יב וּזְהַב הָאָרֶץ הַהִוא, טוֹב; שָׁם הַבְּדֹלַח, וְאֶבֶן הַשֹּׁהַם.
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12 L’or de ce pays-là est bon; là aussi le bdellium et la pierre de chôham.
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יג וְשֵׁם-הַנָּהָר הַשֵּׁנִי, גִּיחוֹן--הוּא הַסּוֹבֵב, אֵת כָּל-אֶרֶץ כּוּשׁ.
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13 Le nom du deuxième fleuve: Ghihôn; c’est lui qui coule tout autour du pays de Kouch.
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יד וְשֵׁם הַנָּהָר הַשְּׁלִישִׁי חִדֶּקֶל, הוּא הַהֹלֵךְ קִדְמַת אַשּׁוּר; וְהַנָּהָר הָרְבִיעִי, הוּא פְרָת.
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14 Le nom du troisième fleuve: Hiddékel; c’est celui qui coule à l’orient d’Assur; et le quatrième fleuve était l’Euphrate.
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La Torah donne des informations qui ont l’air complètement superflues et hors-sujet. Quel intérêt avons-nous d’avoir ces connaissances topographiques, maintenant, au milieu de l’histoire des arbres ? Pourquoi tous ces noms, tous ces détails ?
Puis, la Torah ferme cette parenthèse géographique et retourne comme on s’y attendait plus tôt à l’histoire des arbres.
Résumons ce que nous venons de voir :
- « אֵלֶּה תוֹלְדוֹת » - « voici les générations » du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés.
- A ce moment là, il n’y avait pas de végétation, parce qu’il n’y avait pas de pluie et que l’homme n’était pas encore sur terre.
- Puis l’homme a été créé, puis l’arbre de la connaissance a été créé.
- Et enfin, on a cette digression décrivant un fleuve se divisant en quatre branches.
Question : Retrouve-t-on les éléments de ce passage dans l’histoire de la recréation ?
Dans les parallèles que nous allons voir, il y a quelque chose de nouveau. En effet, jusqu’à présent la recréation post-déluge suivait item après item, dans l’ordre, l’histoire de la création – on retrouvait bien dans le même ordre dans la création et la recréation : l’esprit de D.ieu sur l’eau, la création de la terre, des végétaux, des animaux, de l’homme etc.
Le Shabbat déjà marquait une rupture. Car si nous avons vu que le Shabbat correspond à l’Arc-en-ciel, il fallait faire un détour par Chémot 31 pour trouver les parallèles linguistiques.
Mais là, il va vraiment y avoir quelque chose de nouveau. Car, pour chaque élément du Chapitre 2, nous allons trouver jusqu’à trois parallèles distincts dans les chapitres 10-11 ! Un peu comme si chaque élément de la création se trouve maintenant diffracté en de multiples expressions…
Générations, Divergence
Allons-y, prenons donc notre ’houmach et regardons ce qui suit immédiatement l’épisode de l’Arc-en-ciel. Nous sommes donc à Béréchit 9:18 :
יח וַיִּהְיוּ בְנֵי-נֹחַ, הַיֹּצְאִים מִן-הַתֵּבָה--שֵׁם, וְחָם וָיָפֶת; וְחָם, הוּא אֲבִי כְנָעַן.
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18 Les fils de Noé qui sortirent de l'arche furent Sem, Cham et Japhet; Cham était le père de Canaan.
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Nous voici donc face à une liste de générations. Il s’agit ici des engendrements de Noa’h. Le lien avec les générations du ciel et de la terre (Béréchit 2:4) que nous avons citées plus haut : « Telles sont les origines du ciel et de la terre » - « אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ » est clair…
Continuons :
יט שְׁלֹשָׁה אֵלֶּה, בְּנֵי-נֹחַ; וּמֵאֵלֶּה, נָפְצָה כָל-הָאָרֶץ.
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19 Ce sont là les trois fils de Noé par lesquels toute la terre fut peuplée.
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Fascinant. Nous avions déjà « trouvé » le parallèle des « générations ». Et là, on trouve encore cette idée de séparation, de divergence d’un élément en plusieurs – comme la rivière qui se séparait en plusieurs bras (Béréchit 2:10).
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Mais, en réalité, on trouve encore ces parallèles un tout petit peu plus loin. Et là, vous verrez qu’ils sont encore plus frappants (Béréchit 10:1) :
א וְאֵלֶּה תּוֹלְדֹת בְּנֵי-נֹחַ, שֵׁם חָם וָיָפֶת; וַיִּוָּלְדוּ לָהֶם בָּנִים, אַחַר הַמַּבּוּל.
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1 Voici la descendance des fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, à qui des enfants naquirent après le Déluge.
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Si un peu plus tôt, la Torah avait listé les engendrements de Noa’h sans les introduire par « Voici les engendrements » comme nous avions eu pour la création (Béréchit 2:4), c’est maintenant chose faite !
Etonnamment, la Torah semble donner une information que nous avions déjà en notre possession : Noa’h a eu trois enfants qui se nomment Chem,’Ham et Yefeth. On nous apprend également que ces derniers eurent des enfants après le déluge.
La Torah énumère alors les enfants que les enfants de Noa’h eurent après le déluge (Béréchit 10:2-4).
Et il y a ensuite un verset que je trouve fascinant. Regardez (Béréchit 2:5) :
ה מֵאֵלֶּה נִפְרְדוּ אִיֵּי הַגּוֹיִם, בְּאַרְצֹתָם, אִישׁ, לִלְשֹׁנוֹ--לְמִשְׁפְּחֹתָם, בְּגוֹיֵהֶם.
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5 De ceux-là se formèrent les colonies de peuples répandues dans divers pays, chacune selon sa langue, selon sa tribu, selon son peuple.
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Je trouve ce verset fascinant car :
- D’une part, on retrouve exactement la même terminologie pour parler des engendrements de Noa’h qui se dispersent sur la terre (« נִפְרְדוּ ») que celle utilisée dans l’histoire de la création pour parler des fleuves qui divergent (Béréchit 2:10 : « יִפָּרֵד »).
- D’autre part, le terme « אִיֵּי » (littéralement : « îles ») est étrange. Il semble signifier que les descendants de Noa’h se soient regroupés en différents pays ; mais pourquoi parler d’ « îles » ? Cela fait forcément écho aux fleuves de l’histoire de la création… Car les fleuves entourent les îles : on a ici l’image renversée des fleuves de Béréchit 2.
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Et on va encore retrouver ces parallèles textuels. Avançons de quelques versets jusqu’à (Béréchit 10: 32) :
לב אֵלֶּה מִשְׁפְּחֹת בְּנֵי-נֹחַ לְתוֹלְדֹתָם, בְּגוֹיֵהֶם; וּמֵאֵלֶּה נִפְרְדוּ הַגּוֹיִם, בָּאָרֶץ--אַחַר הַמַּבּוּל. {פ}
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32 Ce sont là les familles des fils de Noé, selon leur filiation et leurs peuplades; et c'est de là que les nations se sont distribuées sur la terre après le Déluge.
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Encore une fois, nous voyons ces deux notions de « générations » de Noa’h et de « divergence » de celles-ci. Exactement comme nous avions les « générations » du ciel et de la terre et la divergence des fleuves lors de la création…
Miroir, Miroir
Vous pourriez dire que ces répétitions de termes ou d’idées de « générations » ou de « divergence » ne sont peut-être que des coïncidences. Après tout, ce ne sont pas les seules fois dans la Torah où l’on parle de ces thèmes…
Laissez-moi vous démontrer que ce n’est pas vrai.
Revenons à l’histoire de la création et soyons attentifs à ce qu’il s’y passe. Le passage commence par (Béréchit 2:4) : « אֵלֶּה תוֹלְדוֹת » - « voici les générations ».
De quelles générations parle-t-on ? S’agit-il des engendrements d’hommes comme on s’y attendrait ? Eh bien, non ! On parle ici des générations du ciel et de la terre…
ד אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ, בְּהִבָּרְאָם: בְּיוֹם, עֲשׂוֹת ה׳ אֱלֹקִים--אֶרֶץ וְשָׁמָיִם.
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4 Telles sont les origines du ciel et de la terre, lorsqu'ils furent créés; à l'époque où l'Éternel-Dieu fit une terre et un ciel.
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On parle, en réalité, de la création de l’environnement dans lequel l’Homme vit. C’est d’ailleurs très étonnant. D’une part, parce qu’en général on parle d’engendrements d’êtres vivants plutôt que des éléments environnementaux comme le ciel ou la terre. Et d’autre part, parce que cela casse l’idée du monde dont les clés auraient été laissées à l’Homme afin qu’il en fasse ce qu’il en veut. En effet, ici, l’Homme est laissé de côté, le focus est donné à l’environnement dans lequel l’Homme s’inscrit.
Continuons notre lecture.
ה וְכֹל שִׂיחַ הַשָּׂדֶה, טֶרֶם יִהְיֶה בָאָרֶץ, וְכָל-עֵשֶׂב הַשָּׂדֶה, טֶרֶם יִצְמָח: כִּי לֹא הִמְטִיר ה׳ אֱלֹקִים, עַל-הָאָרֶץ, וְאָדָם אַיִן, לַעֲבֹד אֶת-הָאֲדָמָה.
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5 Or, aucun produit des champs ne paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore; car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y en avait point pour cultiver la terre.
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A ce moment là, lorsque l’environnement fut créé, l’Homme n’était pas encore là. Et il n’avait encore jamais plu – c’est pour cela que l’herbe n’avait encore jamais poussé.
Arrêtons-nous quelques instants. Qu’est-ce que cela évoque dans l’histoire post-déluge ?
Dans l’épisode de la création, on parle de génération de la Terre, avant que l’Homme ne fût créé, avant que la pluie (créatrice – dans le but d’arroser) soit venue sur terre.
Et de quoi parle-t-on dans l’épisode de la recréation post-déluge ?
On parle des générations de l’Homme. Maintenant, le focus est donné à l’Homme. L’humanité se recrée alors que la Terre vient d’être détruite ! Et faites attention aussi au rôle de la pluie…
Dans l’épisode de la recréation, on parle de génération de l’Homme, après que la Terre fut détruite, après que la pluie (destructive du déluge) soit venue sur Terre.
Et toutes ces fois où l’on retrouve des « générations » après le déluge, la Torah ne parle que des Hommes, des nations qui descendent de Noa’h ; ces nations qui ont divergé pour former des « îles » de peuples.
Ceci est l’exact opposé de ce qu’on le retrouve dans l’histoire de la création où l’on parle de l’environnement (l’homme n’est alors que secondaire) ;des fleuves qui divergent.
Résumons.
Création
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Recréation
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Voici les générations du ciel et de la terre, alors qu’ils furent créés
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Voici les générations de Noa’h et ses enfants après que la terre fut détruite…
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Avant que la végétation ne soit sur terre
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Après que la végétation fut détruite de sur la terre
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Parce que D.ieu n’avait pas encore fait tomber la pluie (pluie de bienveillance)
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Parce que D.ieu avait fait tomber la pluie (du déluge – pluie de destruction)
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Et l’Homme n’était pas encore sur Terre
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Et maintenant, l’Homme est de nouveau sur Terre
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Il y avait une rivière sortant de l’Eden, divergeant en quatre bras
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De ces enfants, les îles de personnes ont divergé pour former des peuples
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Cela me fait penser à une image : celle des cartes, en géographie. Il existe différents types de cartes du monde : (entre autres) topographique, politique. Lorsque j’observe une carte topographique, il n’y aucune considération humaine, tout est décrit, représenté, séparé, par des éléments de l’environnement : les mers, les fleuves, les montagnes etc. Par contre, lorsque j’observe une carte politique, l’environnement est encore présent, mais il est secondaire, c’est l’image de fond ; ce qui compte, c’est les Hommes et leur organisation.
Voilà la différence entre l’Homme de la création et l’Homme de la recréation que l’on retrouve ici : alors qu’Adam se fond dans le paysage de la création où il n’est qu’un élément parmi tant d’autres ; ; l’Homme post-déluge prend une place prépondérante. Il a désormais un rôle plus important: à lui, on a donné les clés du monde.
Si nous avons maintenant une explication logique de tous ces parallèles, il reste cependant une énigme : pourquoi avoir répété jusqu’à quatre fois les parallèles concernant les « générations » ainsi que ceux des « divergences » ? Nous aurions pu en effet tirer les mêmes conclusions avec une seule occurrence de ces notions après le déluge !
Travail à faire pour la prochaine fois
Je vous propose, d’une part, de réfléchir à la question laissée en suspens ci-dessus : pourquoi avoir répété jusqu’à quatre fois les parallèles concernant les « générations » ?
Et, d’autre part, j’aimerais que vous essayiez de trouver un lien, un schéma pour ces quatre parallèles. Apparaissent-ils à des endroits aléatoires ? Vous imaginez bien que la réponse est « non » ! Mais encore faut-il le justifier…
Vous verrez que cela éclairera de manière fascinante l’histoire de l’Arbre de la Connaissance du Bien et du Mal en particulier.
A la prochaine !
Traduit et retranscrit librement par Naty à partir d’une série de conférences données par Rav Fohrman en 2007. Le titre original de la série est : « Brief History of the World: From Adam to Abraham ».
Pour accéder à l'épisode suivant: http://ravfohrman.blogspot.fr/2013/03/breve-histoire-du-monde-511-la-vigne-et.html
[1] Dans une série de cours de Rav Fohrman intitulée « Golden Calf » - « Veau d’Or », ces parallèles (et de nombreux autres) sont traités en profondeur. Il y a ici toute une série de mots utilisant la racine formée par les lettres Noune (נ) et ’Hèth (ח) – qui sont les lettres qui forment le nom Noa’h (נח). Déjà dans le verset ci-dessus, Hachem dit : « הַנִּיחָה לִּי » où l’on retrouve les lettres Noune-’Hèth.
[2] Notez encore l’utilisation des mots en Noun-’Hèth dont « וַיִּנָּחֶם » fait partie…
[3] Cf. série « Golden Calf » de Rav Fohrman (N.d.T. non encore disponible en langue française…)
[4] Le chiasme est à ce point notoire que, même numériquement, on s’y retrouve. Je m’explique : comptez le nombre de fois qu’apparaissent les mots : « alliance », « signe », etc, vous verrez que l’occurrence centrale se trouve aussi au centre du chiasme.
ט וַאֲנִי, הִנְנִי מֵקִים אֶת-בְּרִיתִי אִתְּכֶם, וְאֶת-זַרְעֲכֶם, אַחֲרֵיכֶם. י וְאֵת כָּל-נֶפֶשׁ הַחַיָּה אֲשֶׁר אִתְּכֶם, בָּעוֹף בַּבְּהֵמָה וּבְכָל-חַיַּת הָאָרֶץ אִתְּכֶם; מִכֹּל יֹצְאֵי הַתֵּבָה, לְכֹל חַיַּת הָאָרֶץ. יא וַהֲקִמֹתִי אֶת-בְּרִיתִי אִתְּכֶם, וְלֹא-יִכָּרֵת כָּל-בָּשָׂר עוֹד מִמֵּי הַמַּבּוּל; וְלֹא-יִהְיֶה עוֹד מַבּוּל, לְשַׁחֵת הָאָרֶץ. יב וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים, זֹאת אוֹת-הַבְּרִית אֲשֶׁר-אֲנִי נֹתֵן בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה, אֲשֶׁר אִתְּכֶם--לְדֹרֹת, עוֹלָם. יג אֶת-קַשְׁתִּי, נָתַתִּי בֶּעָנָן; וְהָיְתָה לְאוֹת בְּרִית, בֵּינִי וּבֵין הָאָרֶץ. יד וְהָיָה, בְּעַנְנִי עָנָן עַל-הָאָרֶץ, וְנִרְאֲתָה הַקֶּשֶׁת, בֶּעָנָן. טו וְזָכַרְתִּי אֶת-בְּרִיתִי, אֲשֶׁר בֵּינִי וּבֵינֵיכֶם, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה, בְּכָל-בָּשָׂר; וְלֹא-יִהְיֶה עוֹד הַמַּיִם לְמַבּוּל, לְשַׁחֵת כָּל-בָּשָׂר. טז וְהָיְתָה הַקֶּשֶׁת, בֶּעָנָן; וּרְאִיתִיהָ, לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם, בֵּין אֱלֹקִים, וּבֵין כָּל-נֶפֶשׁ חַיָּה בְּכָל-בָּשָׂר אֲשֶׁר עַל-הָאָרֶץ. יז וַיֹּאמֶר אֱלֹקִים, אֶל-נֹחַ: זֹאת אוֹת-הַבְּרִית, אֲשֶׁר הֲקִמֹתִי, בֵּינִי, וּבֵין כָּל-בָּשָׂר אֲשֶׁר עַל-הָאָרֶץ.
[5] Vous noterez qu’on retrouve même dans les deux cas un chiasme imparfait…
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