Il s’agit là du dernier article d'une série en trois parties sur le concept du Shabbat.
Nous travaillons tous pendant une bonne partie de nos vies. Mais il y a quelque chose de troublant au sujet de cette activité que nous appelons le travail.
Ceci est devenu particulièrement clair pour moi il y a de cela de nombreuses années alors que l’un de mes enseignants prit un malin plaisir à nous tourmenter, nous, étudiants désireux d’apprendre, avec, ce que j’appellerais gentiment, un certain cynisme philosophique.
Une fois, il nous donna un devoir particulièrement difficile et puis, avant que nous commencions à travailler dessus, nous posa le défi suivant:
« Il va falloir de nombreuses heures de travail si vous désirez obtenir un A à ce devoir », commença-t-il. « Mais disons que vous y mettiez toutes ces heures de travail acharné, et que votre devoir soit vraiment bon. Et disons qu’ensuite, je décide de vous donner un A. Qu'est-ce qui se passerait ensuite? »
Nous haussâmes les épaules. Il s’agissait d’un cours important, et la plupart d'entre nous voulions vraiment avoir un A.
« Vous seriez heureux ! », dit-il. « Vous pourriez sauter de joie, courir dans le hall et dans la rue, appeler votre mère. Vous le diriez à vos amis. »
« Mais alors que se passera-t-il ? », demanda-t-il. « Pendant combien de temps resterez-vous excité de la sorte ? Une heure ? Trois heures ? Une journée ?»
« Très vite, cela n’aura plus d’effet sur vous. Vous serez de nouveau excité et vous serez prêt pour une nouvelle expérience… »
« Alors réfléchissez-y, » conclut-il, « ce n'est peut-être pas la peine de se donner tant de mal pour une telle satisfaction »
En effet, notre professeur nous demandait de faire une simple analyse de pertes/profits : si vous passez soixante heures à travailler sur un devoir et que vous n’obtenez que deux ou trois heures de satisfaction de votre note par la suite - alors, pourquoi s'embêter? A priori, ça ne vaut pas le coût.
Maintenant, ne vous méprenez pas. Le professeur n'essayait pas de nous convaincre que nous devions devenir paresseux. Ce qu'il essayait vraiment de faire, c'était de nous aider à clarifier nos objectifs.
Clarifier les objectifs
Si nous nous étions dit que l'objectif de notre travail serait la satisfaction que nous allions en tirer à la fin – alors nous aurions été dans l’erreur. Ce genre de satisfaction est très fugace. Elle s'évapore après quelques heures ou quelques jours.
Ce que ce professeur a voulu nous enseigner, c’est que le travail n’a de valeur que s’il est satisfaisant en soi. La rédaction de ce devoir, la difficulté à relever le défi, devait être considérée comme étant sa propre récompense. Si nous ne pouvions pas être fiers de ce travail, si nous ne pouvions pas voir le travail lui-même comme étant précieux - alors, nous pourrions tout aussi bien ne pas le faire.
Une conclusion troublante
Mais cette leçon du professeur, bien qu’elle ait l’air vraie, est troublante. Car lorsque vous appliquez sa logique en dehors de la salle de classe, à la vie dans le monde réel, les choses commencent à être un peu déprimantes. Pour à peu près toute chose de valable que nous faisons dans la vie et qui nécessite des efforts, si nous faisions une analyse pertes/profits semblable, alors nous parviendrions à des conclusions similaires.
En d'autres termes, disons que vous trimez pendant cinq mois sur un projet que votre patron vous a assigné. Ou bien disons que vous vous êtes lancé dans l’écriture d’un livre pour plusieurs années. Vous investissez un nombre d’heures incalculable dans votre projet. Combien de satisfaction obtiendrez-vous, peut-être, à la fin?
Assez pour justifier vos mois ou années de dur labeur?
Probablement pas.
Un ami que je connais a travaillé sans relâche à écrire un livre pendant près de trois ans à temps plein. Quand le livre a finalement été publié, son épouse lui organisa une fête surprise et invita les gens du quartier. Il était empli d’un sentiment d'achèvement. Mais ce plaisir disparut après quelques jours. Il était anxieux, et son récent succès ne le réconfortait pas. Il m'a raconté que dans les années qui ont suivi l'achèvement des travaux, il n’a presque jamais, ne serait-ce qu’entrouvert la reliure du livre qu'il avait écrit. Ce chapitre de sa vie était définitivement terminé. Il était temps de passer à autre chose.
Il y a quelque chose de déprimant dans tout ça. Tous les succès de la vie semblent s'effacer si vite. Aucun sentiment de satisfaction ou de bien-être ne dure jamais très longtemps. Oui, vous pouvez être fiers lorsque vous êtes en plein milieu de vos efforts (et pas seulement juste après). Vous pouvez percevoir l'effort comme sa propre récompense. Tout cela est très joli. Mais si ce que nous faisons est vraiment intéressant, pourquoi sommes-nous tellement attirés par le plaisir d‘atteindre finalement notre objectif ?
Il me semble que, plus vous obtenez de succès, et plus vous êtes gêné par ce problème. Un des hommes ayant le plus réussi dans l'histoire juive a été terriblement troublé par ce problème, il a écrit un livre entier racontant comment il en a été hanté. Ce livre, faisant partie du canon biblique, est nommé Kohélet. Dans Kohélet, le roi Salomon déverse sa frustration devant un monde qui ne laissera pas une seule marque de succès reposer pendant très longtemps. Le monde est constamment en mouvement, en évolution. Rien - ni la réussite, ni notre plaisir lorsqu’on la vit – ne dure assez longtemps pour être finalement satisfaisant.
Je pense que le phénomène que la Torah appelle le Shabbat est là aussi pour résoudre ce problème. Le Shabbat, en quelque sorte, est conçu pour fournir un antidote à l’« ennui post-réussite ». Et cela, peut-être, peut fournir une clé pour résoudre une énigme à laquelle nous avions fait allusion dans la deuxième partie. Les sages du Midrash disent que le Shabbat est un « me'ein 'Olam Haba » - un avant-goût du monde futur. Que cela signifie-t-il vraiment? Quelles similitudes fondamentales a le 'Olam Haba, le monde futur, avec le Shabbat?
Le monde futur, le monde de l'Etre, est intimement lié à l'idée du Shabbat ; ce monde de l’au-delà est en quelque sorte l’endroit où se développe le Shabbat. Le secret de cette connexion, je pense, a beaucoup à voir avec les questions que nous avons soulevées dans les lignes ci-dessus.
Le Ciel est-il ennuyeux?
A quoi ressemble la vie dans le Ciel?
La réponse à cette question est le secret le mieux gardé au monde. Des milliards de personnes avant nous sont décédées, mais personne n'a encore pu revenir avec un rapport décrivant comment les choses se présentent de l'autre côté. Quoi qu'il en soit, notre tradition nous assure qu'il en vaut la peine, que la récompense des justes dans l'au-delà est une chose à laquelle nous devons aspirer. Les justes, nous dit-on, « vivent » à jamais dans un état de béatitude éternelle.
Mais voici le problème : l'éternité, c’est un temps plutôt long. Pour combien de temps pensez-vous que la « béatitude éternelle » reste satisfaisante? Cela ne deviendrait-il pas un peu ennuyeux après un certain temps?
Imaginez que vous appréciiez vraiment les croisières. Quelqu'un vous a offert une croisière gratuite en Alaska. Repas gastronomiques cinq étoiles, cabine de luxe, piscine et salle de sport etc. Pour combien de temps pensez-vous que vous pourriez apprécier une telle croisière?
Deux semaines ? Un mois ? Six mois ?
Et si la croisière durait uneéternité ? Combien de fois pourrez-vous voir les mêmes icebergs et regarder les mêmes pingouins ? À partir d’un certain moment, cette croisière ne paraîtra plus comme des vacances et commencera à paraître laborieuse. À partir de ce moment, la croisière serait à l'opposé du ‘Ciel’.
Donc, si la vie au Ciel dure vraiment pour l’éternité, pourquoi les gens ne s’y ennuient-ils pas? Pourquoi dans le Ciel, la seule chose que nous attendions avec impatience, c’est … le Ciel?
Le problème avec le repos ; Le problème avec le travail
Ce problème est lié à la question que nous avons posée au sujet de la curieuse nature du travail. Des centaines d'heures de travail ne semblent pas pouvoir se justifier par quelques heures fugitives de récompense. Mais, comme nous l'avons vu, l'idée de « récompense » est tout aussi problématique que l'idée de « travail ». La notion de récompense éternelle semble carrément ennuyeuse. Ni travail, ni récompense n’ont l’air satisfaisant surle long terme. Quel est le moyen de sortir de ce pétrin ?
La réponse, je pense, nécessite que l’on observe de plus près la nature de la vie – la vie dans « ce monde » et la vie dans « l'au-delà ». Quelle est réellement la différence entre ces deux mondes?
En un mot, la réponse du judaïsme, est : « ce monde » est un monde du « devenir », et le « monde futur » est un monde de l' « être ». Le monde à venir est un « yom shekoulo Shabbat » - « Un jour qui n’est que Shabbat » Qu'est-ce que cela signifie?
En créant le monde, le Tout-Puissant a partagé notre expérience en deux domaines. Le premier domaine, le monde dans lequel nous vivons, que nous pourrions appeler le monde du « devenir ». Dans ce monde, la seule vraie satisfaction durable que nous pouvons obtenir vient du processus de travail lui-même - par la construction du monde autour de nous, par la construction de nous-mêmes, en fait. Dans ce monde, un engagement constructif constitue sa propre récompense. Les vacances, bien qu’agréables de temps en temps, peuvent assez vite devenir ennuyeuses. Et la raison est simple : ce monde a été conçu pour le travail, et pas pour le plaisir des fruits de ce travail. Certes, nous pouvons éprouver de la satisfaction – éphémère – quand on a accompli une tâche avec succès. Mais alors il faut vite s’atteler à un nouveau projet, sinon c’est l’ennui qui nous guette.
Cependant, il y a un autre domaine. Il y a le monde futur - un monde de l '«être». Le monde de l'«être» est conçu, non pas pour le travail, mais pour l'appréciation de nos travaux accomplis. Tout ce que nous avons accompli, toutes les relations que nous avons construites et cultivées avec acharnement dans ce monde - nous les vivons pour ce qu'elles sont vraiment, dans l'autre monde.
Si vous y réfléchissez, il fallait que ce soit de cette façon. Imaginez, un instant, que le Tout-Puissant nous ait permis de vivre l'expérience des fruits de nos travaux dans ce monde. Imaginez que nous pouvions vraiment apprécier, d'une manière durable, la satisfaction qui vient d'une réalisation réussie avec beaucoup d’efforts. Imaginez que dans ce monde, nous pouvions pleinement et pour toujours goûter à la joie spirituelle et riche qui découle du sentiment de potentiel accompli. Que se passerait-il dans un tel monde? Nous travaillerions une chose, nous y parviendrions, et alors nous passerions le reste de notre vie à nous complaire dans notre réussite. Nous n’accomplirions rien d’autre. Mais ce n'était pas ce que le Tout-Puissant avait en tête. Il voulait un monde plus productif que cela.
Nous pouvons maintenant comprendre pourquoi l'idée de la récompense, de la jouissance durable de tout accomplissement, est si difficile à trouver dans ce monde. En effet, la pensée même de l'éternité de la jouissance semble « ennuyeuse » pour nous, c’est une chose que nous voudrions éviter. Pourquoi ? Parce que nous regardons le monde-à-venir à travers les mauvaises lunettes – les lunettes de « ce monde-ci », un monde conçu pour le « devenir » et non un monde de l’ « être ». Lorsque nous vivrons pleinement cette « récompense », nous le ferons à travers d’autres lunettes - celles de l'autre monde – un monde où le travail pour « devenir meilleur » est impossible, un monde qui n’est conçu que pour l’ « être ». Lorsque nous ferons l'expérience de la réalisation de notre travail, dans l'autre monde, nous le ferons dans un monde qui nous permettra vraiment de profiter de l'essence intemporelle de ce trésor.
Ainsi, alors que cela puisse paraître déprimant dans ce monde, car nous ne pouvons pas vraiment tirer un plaisir durable dans l'accomplissement, nous avons un prix de consolation. Nous avons le Shabbat, un avant-goût de l' « être », en plein dans ce monde du « devenir ».
Shabbat n'est pas un « jour de repos » après un dur travail. Souvenez-vous : la loi juive permet de déplacer de lourdes tables pendant Shabbat, mais elle interdit de gratter une allumette. Ce dernier acte viole le sens de « repos » que le Shabbat exige, tandis que le premier, bien que fatiguant, reste conforme au « repos » du Shabbat. Pourquoi? Parce que le jour du Shabbat n'est pas vraiment le genre de repos qui permet de reprendre son souffle. Il s'agit plutôt d'une sorte de repos dont même le Maître de l'Univers aurait « besoin ». Le genre de repos qui n'est pas une pause dans travail, mais qui est l'objet même du travail. Le genre de repos que l'on pourrait appeler, comme dans la prière du vendredi soir « takhlit shamayim vaaretz » - l'objet même de la Création.
En effet, c'est ce genre de repos qui sauve la créativité de son autodestruction...
La mort de la créativité
L'acte de création, si l’on y pense, est séduisant. Il peut se perpétuer indéfiniment. Mais, ce faisant, il finira par s’autodétruire.
Les exemples sont partout. L'artiste qui a toujours un dernier coup de pinceau à ajouter, le rédacteur en chef qui a toujours besoin de retoucher ses phrases une dernière fois, le parent qui a un toujours un dernier avertissement à donner à son enfant… Tous ces exemples sont des actes de création qui finissent par mal tourner. Lorsque le processus de « mélakha », d'amélioration, ne se termine jamais, il s’autodétruit. À un certain moment, le créateur a besoin de lâcher prise. Paradoxalement, l'acte final de la création est … de cesser de créer. Le moment où l’œuvre prend vie est celui où le créateur dit, souvent avec regret, « Voilà, ça suffit, je m’arrête là !».
Un créateur a du mal à lâcher prise, à laisser partir sa création, parce que cela semble être une fin pour lui. Mais, en réalité, ça n’est qu’un début pour son œuvre. Quand un créateur cesse de créer, il est enfin prêt à réaliser le but de ses travaux, il est enfin prêt à laisser la chose être ce qu'elle est, ce qu'il a créé.
C'est cela que « repos positif » signifie. Le « repos positif » ne signifie pas le break pour reprendre son souffle. Cela signifie arrêter de bricoler, et commencer à apprécier. Cela signifie laisser une chose « être », l'apprécier pour ce qu'elle est en elle-même - non pour ce que je peux encore essayer d'en faire.
Ce type de repos a été introduit dans le monde par le premier Shabbat, le septième jour de la Création. Comme le sixième jour prit fin, le Tout-Puissant prit une décision consciente, fatidique, d'arrêter de bricoler l'Univers. Il regarda son œuvre et déclara : « hinéh tov méod » - « Voilà, c’est très bien ». Par cette proclamation, le Tout-Puissant signale Sa décision d'arrêter d’améliorer l'Univers, de cesser de l’arranger, et de commencer à avoir une relation avec sa création pour ce qu'elle est.
Le Tout-Puissant ne s’est pas arrêté pas parce que le travail était terminé. Le travail d'amélioration n'est jamais terminé. Mais Il s’est retiré pour laisser son travail entre nos mains, entre les mains de l'humanité. C’était alors à nous de prendre le flambeau de « mélakha » laissé par D.ieu, de devenir des créateurs de la Terre, de « garder le monde et de le travailler » ; de faire en sorte que la prochaine génération trouve un monde meilleur que celui qu’on nous a donné.
Le Tout-Puissant, dans sa bienveillance, a décidé de partager avec les créateurs terrestres le don du Shabbat. Grâce à lui, l'Homme apprend à imiter son Créateur, et à couronner la créativité par le repos. Lorsqu’on vit comme nous le faisons dans « ce monde », un monde fait pour le « travail », il est tentant de négliger l'importance du Shabbat. Mais si nous tombons dans ce piège, nous ne créerons jamais vraiment quelque chose. Dans l'acte de se reposer de toute « mélakha », on se repose du processus qui consiste à essayer de façonner le monde autour de soi pour répondre à ses besoins. Dans ce lâcher-prise, on est enfin en mesure d'apprécier le monde pour ce qu'il est, non plus seulement pour ce qu'il peut procurer. Le jour du Shabbat, nous échappons au besoin incessant de continuer à bricoler, et nous goûtons à la douceur du pur «être».
Ce n'est pas seulement le Monde qu’on apprend à apprécier par le repos, ce sont aussi les personnes. Nous avons bien tous cinq façons dont nous aimerions changer notre conjoint pour qu’il/elle soit à notre parfaite convenance. Et la plupart d'entre nous essayons de formuler ces souhaits, aussi aimablement que possible, bien sûr. Mais aussi longtemps que nous sommes dans le processus de bricolage, en essayant « de l'améliorer », nous ne pouvons pas l’apprécier. Lâcher-prise correspond à faire une déclaration puissante : « Je t'aime, je t’apprécie - maintenant, pour ce que tu es ». Pas seulement pour ce que je pourrais faire de toi à l'avenir.
Pas mal. Je vais essayer de poser une question. Parce que depuis que je suis en médecine je sais plus comment on fait. Je gobe tout ce qu'on me dit.... Triste...
RépondreSupprimerNe pouvons nous être dans l
'être que le chabbat? Ou bien ce goût d'être peut il nous suivre aussi dans notre vie tous les jours?
Création et existence paraissent incompatibles.
[envoyé le 11 juin 2012]
SupprimerSalut Anonyme (je sais bien qui tu es, mais je vais respecter ton anonymat ;-))
Nous sommes des êtres créateurs par essence, car nous vivons et ne connaissons que ce monde ici-bas, monde de la création, du devenir, de l'amélioration permanente...
Le Shabbat est pour nous une leçon de création! Car nous serions bien tenté de ne jamais nous arrêter de créer. Le concept du Shabbat nous apprend qu'au bout d'un moment, il faut savoir laisser vivre sa création - comme D.ieu lui-même l'a fait le 7ème jour de la création de l'univers.
J'ai bien l'impression que nous ne pouvons être dans l'"être" que si nous cessons d'être dans le "devenir". Je ne vois pas comment ils pourraient être compatibles. Je te rejoins donc dans ton analyse.
Enfin, bon, c'est ce que j'ai compris.
Bonjour
Supprimer@anonyme,
tout à fait d'accord avec toi, je me suis souvent fait cette réflexion
Vraiment un article super, c'est très rare de trouver des rabbins qui parlent aussi clairement du PRINCIPE de chabbat. On parle tout le temps des halachots, mais jamais du pourquoi de chabbat.
RépondreSupprimerMerci infiniment au rav,
PM