mardi 20 mars 2012

Notre relation avec D.ieu - Et quand D.ieu ne répond pas?

Les récents évènements - terribles - m'ont de nouveau fait réfléchir à la relation que nous avons avec D.ieu. Comment peut-il "laisser" de telles choses arriver? Pourquoi, parfois, n'écoute-t-il pas nos prières? 
Et je me suis rappelé d'un cours de Rav David Fohrman sur ce sujet. J'avais commencé à le traduire et l'avais laissé en plan il y a de cela plusieurs mois. 
Je me suis donc motivé pour le terminer aujourd'hui - je vous prie donc d'excuser les fautes ou le style un peu rapide.



Roch Hachana et Yom Kippour, les Jours Redoutables, sont des moments de l'année où nous parlons avec Dieu.
Oui, on est supposé parler à D.ieu toute l'année, mais nous avons vraiment ce sentiment à Roch Hachana et Yom Kippour. Ce sont des jours consacrés à la prière.  Il y a des jours où nous luttons pour exprimer nos pensées, nos espoirs et nos peurs au Tout-Puissant. Ce sont des jours où nous essayons d'engager le Maître de l'Univers dans la conversation.
Nous espérons que le Tout-Puissant nous sourît, qu’il agrée nos demandes.  Mais voici une question particulièrement brûlante que nous devons affronter à ce moment particulier de l'année : qu'est-ce qui se passe quand ça ne marche pas, lorsque nos demandes ne sont pas exaucées?  Qu'est-ce qui reste alors, sinon rien, de notre relation à D.ieu ?
Imaginez une femme qui prie profondément et sincèrement pour le succès d'une opération que doit subir sa fille gravement malade âgée de seulement six ans.  Malheureusement, l'opération échoue et la fille meurt pendant la délicate opération. Comment cette mère peut-elle se sentir après cette épreuve ?
Dans le tourbillon d'émotions qui suit une tragédie, on sent une angoisse indescriptible, terrible, une douleur fulgurante de perte accablante.  Mais parfois, on ressent autre chose aussi : la trahison.
Dans un premier temps, ce sentiment peut ne pas être identifié, caché sous les couches de la tristesse et la douleur.  Mais alors, lentement, il pourrait émerger.  «Comment Dieu pourrait-il avoir fait cela ? Nous avons mis notre confiance en Lui. Nous avons prié de toutes nos forces. Nous avons placé tous nos espoirs dans Ses mains. Et Lui, Il a laissé ‘le terrible’ se produire ... »

     Comment peut-on arriver à aimer D.ieu si l’on se sent trahi par Lui ?

Et ces questions peuvent provoquer un tourbillon d'émotions complètement nouveau.  Crainte.  Culpabilité.  « Contre qui suis-je en colère? ». Nous nous demandons: « D.ieu? Comment puis-je être en colère contre D.ieu ? »...  Nous ne sommes pas censés être en colère contre D.ieu.  Nous sommes censés sentir qu'il est compatissant, aimant.  On ne peut pas facilement se réconcilier avec quelqu'un qui nous a trahis ; alors, comment peut-on s'attendre à aimer D.ieu si l'on se sent trahi par lui?

Changer de perspective
Je ne sais pas s'il y a une façon unique, définitive de sortir de ce problème.  Peut-être que la réponse diffère d’une personne à l’autre.  Mais je pense qu'un changement de perspective peut aider à prendre la bonne direction.

Posons-nous une question fondamentale : quand on prie D.ieu pour quelque chose - que ce soit pour la santé, le bonheur, ou même pour avoir une nouvelle voiture, que veut-on que la prière permette d'accomplir ?

D'une part, la réponse est évidente.  On espère que D.ieu va exaucer la demande de celui qui prie et lui donner ce qu’il demande (la santé, le bonheur ou une nouvelle voiture).  Si l'on prie pour la guérison de sa fille d'une terrible maladie, par exemple, on espère évidemment que la prière l'aidera à se remettre de la maladie.  Mais il y a, je crois, un aspect plus profond de la signification et du but d'une telle prière.
Permettez-moi de raconter une histoire qui est arrivée à l’un de mes amis dans sa petite enfance.  Voici comment il raconte cet événement:
« Un jour, lorsque j'avais environ quatre ans, je me suis réveillé de ma sieste. Je suis sorti de ma chambre, et j’ai marché à travers la maison. Il n'y avait personne. J'ai appelé ma mère, mais il n'y eut aucune réponse. Lentement, cette idée commençait à se faire une place dans ma tête : ‘Ca y est ! Mes parents m'ont abandonné ...’.
J'ai couru vers le téléphone sur le mur de la cuisine et suis tombé sur l'opérateur téléphonique. Entre deux sanglots, je lui ai dit : ‘Mes parents sont partis, ils m’ont abandonné, je suis seul maintenant’.  L'opérateur est resté au téléphone avec moi jusqu'à ce que, bien sûr, ma mère rentre à la maison. Elle s’était éclipsée quelques minutes pour acheter un peu de lait. Cela a été, cependant, une expérience que je n'oublierai jamais ».

Maintenant, si vous le voulez bien, nous allons effectuer un petit exercice mental.  Imaginez que vous soyez un enfant de quatre ans.  Vos parents sont tout pour vous.  Pensez à la terreur que vous sentiriez en pensant qu'ils vous ont abandonné, vous laissant en quelque sorte à gérer la vie tout seul.  Bien sûr, en tant qu'adulte, vous savez que cela n'arriverait jamais.  Cependant, en tant qu’enfant, la menace aurait semblé réelle.

Maintenant, allons encore plus loin.  Imaginez que vous ayez six ans.  Vous avez escaladé une chaise et vous avez trouvé la boîte à biscuits de votre mère sur le plan de travail de la cuisine.  Il est rempli de bons cookies aux pépites de chocolat.  Vous vous approchez de votre mère, boîte à biscuits en main, et lui en demandez la permission d’en prendre un.  Considérons alors les deux scénarii suivants :

SCÉNARIO A
Votre mère vous regarde avec bonté et amour et vous dit: « Non, chéri, je suis désolé ce n'est pas le moment pour un biscuit maintenant, nous allons bientôt dîner. Je sais que tu aimes ces biscuits et que tu en aurais voulu un tout de suite, mais je ne peux pas te laisser en prendre un maintenant ».

SCÉNARIO B
Votre mère a eu une journée très dure. Elle est au bout du rouleau lorsque vous vous approchez d'elle avec cette boîte de gâteaux en main.  Elle vous dévisage un peu froidement pendant une minute.  Puis elle se tourne et s'en va.  « Je m’en fiche », vous dit-elle, « Je m’en fiche de ton cookie maintenant. Si t’en veux un, tu n’as qu’à en prendre! »

A six ans, lequel des deux scénarii préféreriez-vous avoir rencontré?  Dans le premier, on vous refuse le cookie, mais vous obtenez l'attention aimante de votre mère.  Dans le second, vous obtenez votre cookie - mais un nœud se forme dans votre estomac.  D'une certaine manière, votre mère vous a abandonné...


Continuons.  Imaginez que vous soyez plus vieux maintenant.  Vous et votre conjoint vivez dans un petit appartement.  Malheureusement, votre situation financière est sombre ; vous ne pouvez pas vous permettre d'acheter même une petite voiture d'occasion. L'employeur de votre mari a cependant laissé entendre qu'il pourrait recevoir une augmentation de salaire - assez, peut-être, pour vous permettre de vous offrir ce véhicule dont vous avez tant besoin.
Alors vous priez D.ieu avec dévotion, et vous lui demandez cette augmentation. Nous, bien sûr, n'avons aucun moyen de percevoir directement la manière dont D.ieu accepte nos prières - mais pour la commodité du raisonnement, imaginons que vous pouviez "entendre" sa réponse.  Imaginez, encore une fois, deux scénarii :

SCÉNARIO A
D.ieu répond à votre demande : « Mon enfant, je veux que tu saches que je suis avec toi et que je comprends le stress que tu ressens à cause de ta situation financière, et je sens ton angoisse. Mais pour certaines raisons, que je ne peux pas te révéler aujourd'hui, il n’est pas dans l'ordre des choses pour ton mari de recevoir cette augmentation. »


SCÉNARIO B
D.ieu répond à votre demande comme suit: « Dans le passé, tu n'as pas affiché assez de foi pour moi. C’est pourquoi je ne peux pas prendre tes préoccupations au sérieux maintenant. Je choisis donc de ne pas m'impliquer dans ta situation, et je vais laisser les événements se dérouler ‘naturellement’. L'employeur de ton mari a décidé de lui donner une augmentation, alors qu'il en soit ainsi, mais je ne veux pas être impliqué dans cette histoire ».

Encore une fois, qu’est-ce que nous préférerions entendre?  La première réponse est claire, la demande est refusée, alors que la seconde ouvre la possibilité que nous allons en effet obtenir l'argent. Mais dans la deuxième réponse, nous sentons aussi un coup de froid dans notre relation avec D.ieu qui a l’air de nous abandonner. Si nous recevons l'argent, quel prix devrons-nous payer ?


Et maintenant, enfin, envisageons une dernière situation. Un homme subit les effets de la leucémie. Il est amené dans le bloc opératoire pour une opération de la dernière chance pour sauver sa vie. Les médecins lui donnent à peine 50% de chances de s’en sortir. Quand il sent l'anesthésie prendre effet, il se rend compte très clairement que cela peut être ses derniers moments sur Terre. Il ouvre son cœur à Dieu et prie afin qu'il survive.

Imaginons que dans ses dernières secondes de conscience, cet homme ait le privilège d'écouter la réponse de D.ieu à ses prières.  Et considérons, à nouveau, deux scénarii :

SCÉNARIO A
D.ieu lui répond: « Mon enfant, je veux que tu saches que je suis très proche de toi. Et maintenant que tu tombes dans un sommeil profond, je suis à tes côtés, et je ne te quitterai pas. Je sens ton angoisse, et je sais combien tu souhaites vivre. Mais je dois te dire que c'est le moment que j'ai choisi pour toi de terminer ton séjour sur Terre. Tu ne peux pas comprendre pourquoi. Mais maintenant, mon enfant, c’est le moment. »

SCÉNARIO B
D.ieu lui répond: « Tu ne mérites pas que je m’implique personnellement dans tes affaires Le médecin qui t’opère est compétent ; je vais laisser ton destin entre ses mains. »

Dans son dernier moment d'éveil, quelle réponse cet homme aimerait plutôt entendre ?  N'est-il pas concevable - et même probable - qu'il préférerait le refus intime et aimant de D.ieu à sa demande, plutôt que le retrait froid de D.ieu de sa vie?  Si c'est le cas - si c'est ce que nous aussi sentirions si nous étions dans la même situation que cet homme - alors nous avons découvert quelque chose de vraiment profond sur nos valeurs : nous serions prêts à échanger n’importe quoi pour obtenir une relation intime avec notre Père qui est dans le Ciel - même la vie.

     Lorsqu’on ouvre vraiment notre cœur à D.ieu, alors on laisse une place à D.ieu dans notre vie

Cela nous  apprend quelque chose d'important sur la raison pour laquelle nous prions et ce que nous obtenons par expérience.
Oui, c’est vrai que nous prions pour obtenir un cookie, une voiture, ou même, pour rester en vie. Mais ce sont seulement les fins apparentes de nos prières.  Car, lorsque nous ouvrons vraiment nos cœurs à D.ieu - quand nous Lui parlons véritablement lorsque nous avons des besoins - nous faisons entrer D.ieu dans nos vies.  Nous construisons une relation avec Lui.

Comme dans toute bonne relation, les sentiments ont tendance à être mutuels. Notre relation avec D.ieu n'est, de ce point de vue, pas différente.  Lorsque nous nous approchons de Lui, Il fait aussi un pas vers nous. Chaque mot de la prière devient une brique dans l'édifice de cette relation. Et quand tout est dit, nous apprécions cette relation plus que tout.

Je pense que quand nous comprenons vraiment cela, nous nous donnons les outils pour faire face à la possibilité que D.ieu puisse ne pas nous accorder l'objet de nos prières.  Car nous nous rendons compte que plus profond est notre besoin, plus profonde est cette relation que nous avons façonnée avec notre Créateur en lui parlant de ces sujets tellement intimes.  Ainsi, si nous recevons une réponse négative, nous n'avons certainement pas été «trahis» par Dieu. Car un refus peut être donné par amour, aussi.  Et la relation que nous avons construite par notre demande n'a pas disparu pour autant.

Nous vivons dans un monde réel, nous sommes faits de chair et de sang, et cela est une vérité difficile à intérioriser.  Nos besoins sont réels pour nous.  Nous voulons vraiment le cookie ou la voiture, la guérison, notre désir sincère pour l'objet de notre prière n'est pas simplement imaginé.  Cependant, si nous nous arrêtons un instant, nous pouvons nous concentrer sur les choses profondes. Grâce à notre communication sincère, nous avons fait un pas vers D.ieu, et Il s'est approché de nous. Et lorsque nous sentons cette proximité, nous pouvons constater que nous avons non seulement atteint une compréhension plus profonde de la prière - et de ces Jours Redoutables - mais nous en sommes aussi renforcés, ce qui nous permet de faire face à la réponse de D.ieu, quelle qu’elle soit.


Traduit librement par Ner Barlaï à partir d’un article de Rav Fohrman daté de Septembre 2007 sur le site aish.com :
http://www.aish.com/sp/pr/48968726.html

1 commentaire:

  1. Emmanuel Boccara20 mars 2012 à 21:17

    Merci Naty pour ce cours édifiant. C'est un moment où nous avons tous besoin d'être renforcé. Effectivement malgré les évènement on sent qu'Hashem nous dit "écoutez, vous ne pouvez pas comprendre pour l'instant ce qui s'est passé. Mais sachez que je ressent avec vous cette douleur et que je n'abandonnerais pas mon peuple"
    Manu Boc

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