dimanche 5 février 2012

Yossef et ses frères se sont-ils jamais réconciliés ?


On peut avoir facilement tendance à lire beaucoup d’histoires de la Torah un peu comme des contes de fée où tout est bien qui finit bien. Par exemple, l’histoire de Noa’h et de son arche. On a l’impression que c’est mignon, gentil. On a en tête cette histoire d’animaux gambadant gaiement pour entrer dans l’arche, de l’arc en ciel comme signe éternel… Mais, regardons les choses en face, cette histoire a été terrible pour l’humanité. Cela a dû, en réalité, être un épisode apocalyptique. Des milliers de gens en sont morts, engloutis, noyés par des eaux qui n’en finissaient pas de monter[1].

L’histoire de Yossef avec ses frères souffre du même symptôme. On peut avoir la même tentation de restreindre l’histoire de Yossef à un compte des milles et une nuit : il y a eu les rêves de Yossef, la belle tunique que son père lui offrit, les frères jaloux mais heureusement, il devint prince en Egypte et sauva le monde de la famine. Tout est bien qui finit bien.
Sauf que si on fait un tout petit peu attention à son histoire, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle est effrayante. Il faut s’imaginer un jeune homme de dix-sept ans, kidnappé par ses propres frères, dénudé, jeté au fonds d’un puits où l’attendaient serpents et scorpions, presque mort, vendu comme esclave à des étrangers en Egypte – la terre où aucun esclave n’était jamais sorti vivant – abusé par son maître etc.

Alors, cette histoire peut-elle vraiment avoir une happy-end ? Un tel trauma causé à Yossef peut-il un jour être réparé ? Est-il seulement possible que Yossef se soit réconcilié avec ses frères à la fin de l’histoire ?

     Petit détour par Chémot

Ici, nous faisons un petit aparté. Nous y reviendrons plus tard. Ce qui suit immédiatement la mort de Yossef est le début de l’esclavage au début de la paracha Chémot où la Torah raconte qu’un nouveau roi s’installa sur le trône d’Egypte et décréta l’esclavage pour le peuple d’Israël.

Voici comme le texte introduit ce passage (Chémot 1:8-10) :
ח וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ, עַל-מִצְרָיִם, אֲשֶׁר לֹא-יָדַע, אֶת-יוֹסֵף.
8 Un roi nouveau s'éleva sur l'Égypte, lequel n'avait point connu Yossef.
ט וַיֹּאמֶר, אֶל-עַמּוֹ: הִנֵּה, עַם בְּנֵי יִשְׂרָאֵל--רַב וְעָצוּם, מִמֶּנּוּ.
9 Il dit à son peuple: "Voyez, la population des enfants d'Israël surpasse et domine la nôtre.
י הָבָה נִתְחַכְּמָה, לוֹ: פֶּן-יִרְבֶּה, וְהָיָה כִּי-תִקְרֶאנָה מִלְחָמָה וְנוֹסַף גַּם-הוּא עַל-שֹׂנְאֵינוּ, וְנִלְחַם-בָּנוּ, וְעָלָה מִן-הָאָרֶץ.
10 Eh bien! Soyons plus sages qu’elle; autrement, elle s'accroîtra encore et alors, s’il survenait une guerre, ils pourraient se joindre à nos ennemis, nous combattre et sortir de la terre."
Rachi rapporte cette discussion dans le Talmud (Sota 11a) sur la compréhension à avoir sur le verset 8. Etait-il vraiment un nouveau roi ou bien avait-il simplement retourné sa veste ?
וַיָּקָם מֶלֶךְ-חָדָשׁ : רַב וּשְׁמוּאֵל חַד אָמַר חָדָשׁ מַמָּשׁ וְחַד אָמַר שֶׁנִּתְחַדְּשׁוּ גְּזֵרוֹתָיו.
Un roi nouveau s’éleva : Rav et Chemouel sont en désaccord. L’un dit qu’il faut prendre le mot : « nouveau » au sens littéral, l’autre, qu’il a changé ses décrets.
Quelque soit la compréhension pour laquelle nous options, ce verset est difficile à entendre.  Yossef devait être la personne la plus connue en Egypte après Pharaon. Il avait sorti l’Egypte de la crise, l’avait sauvée de la famine. Comment peut-on l’oublier ? Il était forcément apprécié du peuple !
Observez maintenant quelques instants les versets 9 et 10 ramenés ci-dessus et relevez ce qui vous rappelle Yossef.

Etonnamment, ce verset fait plusieurs allusions à Yossef :
a)       « הָבָה נִתְחַכְּמָה, לוֹ »: Ceci nous rappelle forcément la caractéristique de Yossef qui avait plu à Par’o et pour laquelle il l’avait justement choisi pour gouverner l’économie de son pays (Béréchit 41:39) : « וַיֹּאמֶר פַּרְעֹה אֶל-יוֹסֵף, …, אֵין-נָבוֹן וְחָכָם, כָּמוֹךָ » - « Par’o dit à Yossef: " (…) nul n'est sage et entendu comme toi" »
b)      « וְנוֹסַף » : ceci ne peut pas ne pas faire penser au nom même de Yossef qui provient de la même racine.
c)       « וְעָלָה מִן-הָאָרֶץ »[2] : Si vous demandiez à Par’o le premier souvenir qu’il ait de Yossef, que vous répondrait-il ? Très probablement que c’est lui qui l’a fait sortir de prison, du trou où il se trouvait !
d)      Il y en a encore une autre référence à Yossef. Celle-ci est un peu plus cachée. Nous la verrons plus tard.

Cela fait beaucoup d’indices rappelant Yossef dans la bouche d’une personne « qui ne connaissait pas Yossef », n’est-ce pas ?
Et puis, quel rapport y-a-t-il entre ces trois versets ? Pourquoi la Torah semble-t-elle mêler Yossef à l’esclavage des enfants d’Israël ?

Fermons cette parenthèse esclavagiste pour le moment, et revenons au cœur du débat.

     Problématique

Alors ? D’après vous, est-ce qu’une réconciliation entre Yossef et ses frères est possible ?

On a du mal à concevoir le traumatisme qu’a pu subir Yossef. Imaginez un instant. Un jeune homme kidnappé, esclave sans voir sa famille, travaillant nuit et jour, des années et des années. Une année chez un maître qui abuse de lui et dont la femme finit par l’accuser de tentative de viol ; puis douze années dans un cachot… Quelles séquelles cela peut-il laisser à Yossef ? On ne peut probablement pas le concevoir !

Si l’on fait le sondage suivant : « Pensez-vous qu’il soit possible que Yossef et ses frères se soient réconciliés ? », les réponses sont différentes suivant la tranche d’âge du sondé. En effet, dans les classes d’enfants, il y a 2 fois plus de personnes qui pensent qu’une réconciliation est possible. Alors, que chez les parents de ces mêmes enfants, c’est exactement l’inverse ! 2 fois plus d’entre eux sont persuadés qu’une telle réconciliation est impossible.

Quelle différence y-a-t-il entre les parents et les enfants ?
La différence entre adulte et enfant pourrait se résumer en un mot : l’expérience de la vie. Voilà pourquoi un enfant pense que la réconciliation est possible tandis que ses parents penseront le contraire. Théoriquement, les enfants ont raison, car c’est possible, car tout est possible tant qu’il y a de la volonté. Mais, dans les faits, c’est extrêmement difficile que cela se réalise, et en général, en pratique, les parents ont raison.
Pour répondre à la question que nous avons soulevée, voici comment nous allons procéder. D’une part, nous verrons ce qu’il faudrait qu’il se passe, en théorie, pour qu’une réconciliation ait lieu entre Yossef et ses frères. Et, d’autre part, nous parcourrons la Torah à la recherche d’épisodes de rencontre, de réconciliations possibles et chercherons à savoir si, en pratique, la réconciliation a eu lieu (ou pas…).

Premières rencontres

Quel est le premier moment où il est possible qu’ils fassent une réconciliation lors de leurs différentes rencontres ? En tout, la Torah nous relate trois rencontres « post-vente ». Nous allons les étudier.

     Chim’on emprisonné

La famine fait rage, jusqu’en Cana’an. Les frères descendent en Egypte pour acheter des vivres et se retrouvent face à Yossef. Ils ne le reconnaissent pas, mais lui les reconnaît. Il leur parle durement, les traite d’espions et emprisonne Chim’on.

Ils parlent alors entre eux en Hébreu, sans savoir que Yossef les comprenait. Ils disent (Béréchit 42:21):
כא וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל-אָחִיו, אֲבָל אֲשֵׁמִים אֲנַחְנוּ עַל-אָחִינוּ, אֲשֶׁר רָאִינוּ צָרַת נַפְשׁוֹ בְּהִתְחַנְנוֹ אֵלֵינוּ, וְלֹא שָׁמָעְנוּ; עַל-כֵּן בָּאָה אֵלֵינוּ, הַצָּרָה הַזֹּאת.
21 Et ils se dirent l’un à l’autre: "Nous sommes punis à cause de notre frère; dont nous avons vu le désespoir lorsqu’il nous criait de grâce et nous sommes restés sourds. Voilà pourquoi ce malheur nous arrive."
כב וַיַּעַן רְאוּבֵן אֹתָם לֵאמֹר, הֲלוֹא אָמַרְתִּי אֲלֵיכֶם לֵאמֹר אַל-תֶּחֶטְאוּ בַיֶּלֶד--וְלֹא שְׁמַעְתֶּם; וְגַם-דָּמוֹ, הִנֵּה נִדְרָשׁ.
22 Réouven leur répondit: "Ne vous avais-je alors pas dit: Ne vous rendez point coupables envers cet enfant! Et vous ne m’écoutâtes point. Eh bien! Voilà que son sang nous est redemandé."
כג וְהֵם לֹא יָדְעוּ, כִּי שֹׁמֵעַ יוֹסֵף: כִּי הַמֵּלִיץ, בֵּינֹתָם.
23 Or ils ne savaient pas que Yossef les comprenaient, car il s’était servi d’un interprète.
כד וַיִּסֹּב מֵעֲלֵיהֶם, וַיֵּבְךְּ; וַיָּשָׁב אֲלֵהֶם, וַיְדַבֵּר אֲלֵהֶם, וַיִּקַּח מֵאִתָּם אֶת-שִׁמְעוֹן, וַיֶּאֱסֹר אֹתוֹ לְעֵינֵיהֶם.
24 Il s’éloigna d’eux et pleura; puis il revint à eux, leur parla et sépara d’eux Chim’on, qu’il fit emprisonner devant leurs yeux.

Les frères ont l’air de faire téchouva : ils regrettent leur action vis-à-vis de Yossef, ils se sentent coupables et Yossef s’en trouve très ému et il en pleure même.

Mais, si vous êtes Yossef, il manque quelque chose pour que cette téchouva se transforme en réconciliation. Que manque-t-il d’après vous ?

Réfléchissons un instant. Comment peut-on savoir s’il y a réconciliation ? Eh bien, il faut que cela se traduise par une réhabilitation complète de la relation entre Yossef et ses frères – comme avant la vente. Cela s’est-il produit ici ?

La réponse est évidemment : non ! Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu’ils n’ont pas parlé à Yossef car celui-ci ne s’est pas dévoilé à eux[3]. Au lieu de cela, il emprisonne Chim’on. Pourquoi Chim’on en particulier ?
Regardons le texte d’un peu plus près et nous découvrirons quelque chose de fascinant.

Le verset 21 commence par « וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל-אָחִיו » - « Et ils se dirent l’un à l’autre ». Pour l’instant, aucun frère en particulier n’est mentionné. Quels sont, parmi les cinq sens, ceux que nous retrouvons dans ce verset ? Eh bien : la vue (les frères ont vu « אֲשֶׁר רָאִינוּ ») et l’ouïe (mais ils n’ont pas écouté « וְלֹא שָׁמָעְנוּ »).
Le verset suivant commence par « וַיַּעַן רְאוּבֵן אֹתָם לֵאמֹר » - « Réouven leur répondit ». Réouven prend place dans la scène. Ici, on retrouve encore le sens de l’ouïe : « וְלֹא שְׁמַעְתֶּם » - « Et vous ne m’écoutâtes point ». Réouven leur avait bien demandé de ne pas faire de mal à Yossef, mais les frères n’ont pas écouté.
On retrouve encore ce sens de l’ouïe dans le verset suivant car Yossef les écoute parler attentivement : « כִּי שֹׁמֵעַ יוֹסֵף » - « que Yossef les écoutaient ».
Enfin, le dernier verset que nous avons ramené plus haut nous rappelle encore ces deux sens de l’ouïe et de la vue. L’ouïe par l’intermédiaire de Chim’on (dont le nom provient de la racine « écouter ») et la vue par l’étrange expression « לְעֵינֵיהֶם » - « devant leurs yeux ». 

D’ailleurs, revenons quelques instants à l’origine des prénoms Réouven et Chim’on. Lorsque Léa enfanta son premier enfant, elle l’appela Réouven car (Béréchit 29:32) « רָאָה ה׳ בְּעָנְיִי » - « D.ieu a vu mon humiliation ». Juste après, Léa a un deuxième enfant qu’elle nomme Chim’on car (Béréchit 29:33) « שָׁמַע ה׳ כִּי-שְׂנוּאָה אָנֹכִי » - « D.ieu a entendu que j’étais dédaignée ». En leur donnant ces noms à ses enfants, Léa a aussi donné un sens à leur vie.
Réouven serait celui qui, toute sa vie, combattrait les souffrances et humiliations de sa mère. Mais alors, lorsqu’il voit que Yossef reçoit la tunique de leader[4], bafouant ainsi son droit d’ainesse et la valeur de sa mère comme femme de Ya’akov, cela doit être très difficile pour lui. Et c’est là que Réouven montre une grandeur particulière car c’est le seul à s’opposer au sort que réservent ses frères à Yossef. Mais les frères ne l’écoutent pas : « וְלֹא שְׁמַעְתֶּם ». Qui aurait dû être le premier à écouter ? Qui porte cela dans son nom même ? Chim’on, bien sûr, qui plus est, est le deuxième plus grand frère après Réouven, mais il failli à son devoir : voilà pourquoi c’est lui qui est fait prisonnier par Yossef.

En fait, si le challenge de Réouven et Chim’on a été porté par leur nom, celui-ci peut être compris de deux manières :
1)      Je fais tout pour défendre ma mère – qui a eu un sentiment de détresse et dont je porte le nom en conséquence – afin qu’elle n’ait plus jamais ce sentiment
2)      Je fais tout pour que le sentiment que ma mère a eu ne se reproduise plus dans le monde – cette détresse que ma mère a eue est terrible, plus jamais personne ne doit la vivre !

Il semblerait que Chim’on se soit trompé et soit resté sur la première explication. La grandeur de Réouven a été de comprendre que son rôle était bien plus large – comme la deuxième explication.

Cette première rencontre n’a donc pas été source de réconciliation. Ils n’ont pas parlé à Yossef, mais seulement entre eux : la relation frère/Yossef n’a pas été réhabilitée par cet épisode. Voyons voir le suivant…

     Binyamine en danger

Quelques temps après l’épisode raconté ci-dessus, les frères descendent de nouveau en Egypte pour acheter de la nourriture. Cette fois-ci, ils prennent Binyamine avec eux car c’était la condition obligée que ce méchant chef égyptien leur avait donnée. Suite à un stratagème de Yossef (l’histoire de la coupe du roi), Binyamine se trouve en danger et Yéhouda prend sa défense. Il s’est personnellement engagé à le ramener sain et sauf auprès de son père et il est prêt à être lui-même esclave à la place de Binyamine.
Yéhouda emploie des termes très forts. Il avoue que son père mourrait de chagrin si son fils chéri ne rentrait pas à la maison. En citant son père, il dit (Béréchit 44:27) : « כִּי שְׁנַיִם יָלְדָה-לִּי אִשְׁתִּי » - « ma femme m’a donné deux enfants ». Yéhouda parle de Ra’hel – la rivale de sa mère Léa – comme étant la femme de Ya’akov. Comme cela doit être dur à dire pour Yéhouda ! Mais il y arrive et cela ressemble à une téchouva sincère de Yéhouda. Comme le dit précisément le Rambame : une téchouva est complète quand la personne ne retombe pas dans l’erreur lorsqu’elle se retrouve dans la même situation que lors de la faute. C’est bien ce qui arrive à Yéhouda ! Ceci est un acte héroïque de Yéhouda qui donne d’ailleurs tout son sens à son nom : Yéhouda qui vient de la racine « הודאה » - « reconnaissance ».

Cet épisode aurait pu être l’origine d’une réconciliation parfaite, mais il ne l’a pas été. Pourquoi ? Eh bien, exactement comme lors de leur première rencontre : ils ne savent pas à qui ils ont à faire, ils ne s’adressent donc pas à Yossef et la relation ne peut pas être réparée.

Allons voir alors la seule autre rencontre entre Yossef et ses frères où ceux-ci sont bien conscients qu’ils ont Yossef en face d’eux.

L’ultime rencontre

Avant d’étudier cette dernière rencontre, voyons un peu de théorie : quels sont les ingrédients que cette ultime rencontre doit avoir afin que la réconciliation soit parfaite ?

     La théorie

Le modèle d’une réconciliation parfaite peut être emprunté au Rambame dans ses lois sur la Téchouva. Il existe une grande discussion entre les décisionnaires pour décider si la téchouva fait partie des 613 mitsvot de la Torah. Voici la toute première loi que le Rambame dicte à propos de la téchouva et qui semble aussi prendre position dans ce débat:

רמב"ם הלכות תשובה א, הלכה א
כל מצות שבתורה, בין עשה בין לא תעשה, אם עבר אדם על אחת מהן, בין בזדון בין בשגגה, כשיעשה תשובה וישוב מחטאו חייב להתודות לפני הא־ל ברוך הוא, שנאמר: "איש או אשה כי יעשו וגו' והתודו את חטאתם אשר עשו" (במדבר ה, ו-ז), זה וידוי דברים. וידוי זה מצות עשה.
En substance, le Rambame dans la première partie de cette halakha semble dire que la téchouva n’est pas une mitsva. En effet, « si l’homme décide de faire téchouva, alors il est tenu de faire un vidou[5]ï – « וידוי ». (…) Le vidouï est une mitsva positive de la Torah ».

Donc la téchouva n’est pas une mitsva, mais le vidouï l’est. Ceci est étrange, surtout si l’on connaît la théorie du Rambame qui décompose la téchouva en quatre éléments :

-          « וידוי  » - vidouï
-          « חרטה » - ‘harata – le regret
-          « עזיבת החטא » - ‘azivat ha’hète – l’abandon de la faute
-          « קבלה לעתיד » - kabala lé’atid – engagement pour le futur

Pourquoi seul le vidouï serait-il une mitsva ? Que le différencie-t-il des autres composants de la téchouva ?

Laissons le vidouï de côté quelques instants. Voyez-vous un thème commun entre les trois autres éléments de la téchouva ?

Le thème commun à ‘harata, ‘azivat ha’hète et kabala lé’atid semble être : « comment changer sa personne pour qu’elle devienne meilleure ? ». Et ce thème semble être conjugué aux trois temps : passé, présent et futur. En effet, la ‘harata concerne le regret de ce qui s’est passé, la ‘azivat ha’hète est une abandon de la faute, au présent, et la kabala lé’atid est bien entendu tournée vers le futur, la personne s’engageant à ne plus recommencer son erreur.

Finalement, ces trois éléments de téchouva, mis en œuvre ensemble, vont faire de la personne qui fait téchouva une personne entièrement rétablie, dans toutes les dimensions du temps. La personne est réhabilitée, elle revient à son état d’avant la faute.

Ceci nous permet de comprendre la différence avec le vidouï. Car si ces trois élémentsharata, ‘azivat ha’hète et kabala lé’atid – sont définitivement centrés sur la personne qui fait téchouva et lui permettent de changer, le vidouï, lui, est une expression. Le vidouï est tourné vers l’extérieur. Jusque là, certes ma personne s’est améliorée, mais je n’ai pas changé, amélioré, rétabli ma relation avec la personne envers qui j’ai fauté.

Le vidouï est crucial dans la téchouva en ce sens qu’il permet aux relations sociales de se maintenir, à la société de subsister… Sans le vidouï, on ne peut pas parler de téchouva ! Et, c’est bien la partie de la téchouva qui est la plus difficile à réaliser !

D’ailleurs, d’où vient le terme « וידוי  » - vidouï ? Il vient de « הודאה » - « reconnaissance ». Il est de la même racine que celle du nom Yéhouda ou encore que le mot « תודה » - « merci ».
Lorsque je dis « merci » à quelqu’un, je lui dis implicitement que « je reconnais le bien qu’il m’a prodigué et que je l’apprécie », en quelques sortes, j’use de « הודאה » - « reconnaissance ». 

Pourquoi est-ce tellement difficile de dire « merci » ? Eh bien, parce qu’en disant « merci », je reconnais que je suis redevable, que ma relation avec cette personne n’est pas d’égal à égal. Et c’est difficile de l’avouer, de le reconnaître. Mais en disant merci, je permets à la relation de se rééquilibrer quelque peu. Cela peut paraître illogique, mais c’est bien la réalité.

Tout ce qu’on vient de dire sur le remerciement peut s’appliquer à l’excuse, au pardon, au vidouï. Il est tellement difficile de s’excuser car en s’excusant, je reconnais que ma relation avec cette personne à qui j’ai fait du mal est déséquilibrée. En m’excusant sincèrement, et si cette personne accepte mes excuses, je rééquilibre notre relation.

Les psychologues disent qu’il y a trois mots à apprendre avant de se marier afin que le mariage ait toutes ses chances de réussite. Savez-vous lesquels ?
Vous allez être déçus, car parmi ses trois mots ne se trouve pas le fameux « je t’aime » mais :
-          « merci »
-          « je m’excuse »
-          « je t’admire »
qui sont, on s’en doutait, trois expressions de cette notion de « הודאה » - « reconnaissance ». 

Bref, Rambame nous a permis de définir un modèle de réconciliation. Voyons donc, dans la pratique, si le vidouï a bien eu lieu chez les frères envers Yossef.

     La pratique

Allons sans plus attendre voir ce passage situé à la toute fin du Séfer Béréchit (Béréchit 50:14-21).
יד וַיָּשָׁב יוֹסֵף מִצְרַיְמָה הוּא וְאֶחָיו, וְכָל-הָעֹלִים אִתּוֹ לִקְבֹּר אֶת-אָבִיו, אַחֲרֵי, קָבְרוֹ אֶת-אָבִיו.
14 Yossef, après avoir enseveli son père, retourna en Égypte avec ses frères et tous ceux qui l'avaient accompagné pour ensevelir son père.
טו וַיִּרְאוּ אֲחֵי-יוֹסֵף, כִּי-מֵת אֲבִיהֶם, וַיֹּאמְרוּ, לוּ יִשְׂטְמֵנוּ יוֹסֵף; וְהָשֵׁב יָשִׁיב, לָנוּ, אֵת כָּל-הָרָעָה, אֲשֶׁר גָּמַלְנוּ אֹתוֹ.
15 Or, les frères de Yossef, voyant que leur père était mort, se dirent: "Peut-être Yossef va-t-il nous prendre en haine et nous rendre tout le mal que nous lui avons causé!"
Ya’akov le patriarche n’est plus. Ses fils, tous ensemble, montèrent son corps en Cana’an et l’y enterrèrent. Alors qu’ils reviennent en Egypte, les frères de Yossef « voient que leur père est mort ». Ceci est étrange. Ils savent bien qu’il est mort puisqu’eux-mêmes l’ont enterré ? Qu’est-ce que cela signifie ? Rachi a visiblement la même question sur le texte. Il explique, Midrash à l’appui, que « וַיִּרְאוּ » - « Ils ont vu » signifie en fait: « ils ont pris conscience, ils ont pris toute la mesure » de sa mort.

Alors les frères ont apparemment peur de la réaction que pourrait avoir Yossef vis-à-vis d’eux : Et s’il se vengeait ?

Ils emploient d’ailleurs une terminologie peu courante de haine « יִשְׂטְמֵנוּ » qui n’est pas sans rappeler le langage utilisé par la Torah pour parler de ‘Essav qui attendait que son père meurt pour se venger de Ya’akov qui l’avait devancé pour recevoir la bénédiction de son père  (Béréchit 27:41):
מא וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו, אֶת-יַעֲקֹב, עַל-הַבְּרָכָה, אֲשֶׁר בֵּרְכוֹ אָבִיו; וַיֹּאמֶר עֵשָׂו בְּלִבּוֹ, יִקְרְבוּ יְמֵי אֵבֶל אָבִי, וְאַהַרְגָה, אֶת-יַעֲקֹב אָחִי.
41 Essav prit Ya’akov en haine à cause de la bénédiction que son père lui avait donnée. Et ‘Essav se dit en lui même: "Le temps du deuil de mon père approche; je ferai périr Ya’akov mon frère."
Tout ça pour dire que les frères craignent sans doute que Yossef ne se comporte comme ‘Essav et que, maintenant que son père qu’il respectait tant est mort, rien ne le freine une vengeance froide de Yossef vis-à-vis d’eux.

Mais les frères ont-ils vraiment peur que cela arrive ? Ou bien, le souhaitent-ils ? Cette dernière hypothèse peut paraître surprenante au regard du contexte que l’on connaît, mais regardons bien le terme que les frères emploient : « לוּ יִשְׂטְמֵנוּ יוֹסֵף » - « Peut-être Yossef nous prenait en haine ».

Il existe trois formules dans la Torah pour exprimer un doute :
-          « פן » - Pène – qui traduit une crainte : je ne souhaite pas que l’objet du doute se réalise
-          « אולי » - Oulaï – qui est employé dans les cas où je suis neutre vis-à-vis de l’objet du doute : qu’il se réalise ou pas ne m’importe peu
-          « לוּ » - Lou – qui traduit la volonté que cela se réalise

Cela signifierait donc que les frères espéraient que Yossef les prenne effectivement en haine![6] Mais pourquoi cette attitude des frères ? Peut-être que les frères souhaitaient au fond d’eux que Yossef leur rende sa haine afin de rééquilibrer leur relation : ainsi, si Yossef les haïssaient, ils pourraient enfin être d’égal à égal : ‘Nous t’avons haïs, mais toi aussi, tu nous as haï : match nul’

A ce moment là de l’histoire, on est un peu comme dans un film d’horreur – à l’instant le plus insoutenable, c’est-à-dire lorsque l’écran est noir et que l’on ne sait pas ce qui va arriver juste après…

Voilà le contexte de l’ultime rencontre entre Yossef et ses frères. Et voilà comment elle se passe :
טז וַיְצַוּוּ, אֶל-יוֹסֵף לֵאמֹר: אָבִיךָ צִוָּה, לִפְנֵי מוֹתוֹ לֵאמֹר.
16 Ils mandèrent à Yossef ce qui suit: "Ton père a commandé avant sa mort, en ces termes:
יז כֹּה-תֹאמְרוּ לְיוֹסֵף, אָנָּא שָׂא נָא פֶּשַׁע אַחֶיךָ וְחַטָּאתָם כִּי-רָעָה גְמָלוּךָ, וְעַתָּה שָׂא נָא, לְפֶשַׁע עַבְדֵי אֱלֹקֵי אָבִיךָ; וַיֵּבְךְּ יוֹסֵף, בְּדַבְּרָם אֵלָיו.
17 ‘Parlez ainsi à Yossef: Oh! Pardonne, de grâce, l'offense de tes frères et leur faute et le mal qu'ils t'ont fait!’ Maintenant donc, pardonne leur tort aux serviteurs du Dieu de ton père!" Yossef pleura lorsqu'ils lui parlèrent ainsi.
יח וַיֵּלְכוּ, גַּם-אֶחָיו, וַיִּפְּלוּ, לְפָנָיו; וַיֹּאמְרוּ, הִנֶּנּוּ לְךָ לַעֲבָדִים.
18 Puis, ses frères vinrent eux-mêmes tomber à ses pieds, en disant: "Nous sommes prêts à devenir tes esclaves.
Alors ? Les frères font-ils un bon vidouï ? Ils en sont tout au moins très proches, n’est-ce pas ?

Le Rambame avait donné une définition très précise du vidouï. Le vidouï doit être composé d’un sujet (« je »), d’un verbe (« ai fauté, fait du mal ») et d’un complément (« envers toi ») :

רמב"ם הלכות תשובה א, הלכה א
(…)
כיצד מתודין? אומר: 'אנא השם, חטאתי, עויתי, פשעתי לפניך ועשיתי כך וכך, והרי נחמתי ובושתי במעשי, ולעולם איני חוזר לדבר זה'. וזהו עיקרו של וידוי. וכל המרבה להתודות ומאריך בענין זה, הרי זה משובח.
Cette phrase de vidouï est extrêmement difficile à dire ! Regardez comment nous-mêmes nous exprimons lorsque nous avons fait une erreur, ou bien dans nos expériences quotidiennes etc. : le sujet est souvent omis, on parle à la forme passive ; par exemple :
-          « Une erreur a été faite dans l’administration… »
-          « … Et c’est arrivé… »

Y-a-t-il un sujet dans le vidouï des frères ? Il y a bien un verbe (« faire du mal ») et il y a bien un complément (« envers toi ») ; mais qui est le sujet ? Eh bien, le sujet de cette phrase de vidouï est … « notre père ». C’est-à-dire qu’il manque le sujet correct, il manque le « nous, tes frères » ! Ce n’est pas les frères qui demandent pardon, c’est leur père ! Les frères se sont cachés derrière leur père, comme le fonctionnaire qui se cache derrière l’administration : ils n’ont pas fait un vidouï complet.

Rachi sur Béréchit 50:16 explique que les frères ont menti ; leur père ne leur a jamais donné une telle ordonnance. Rachi note cependant qu’ils en avaient le droit car il est permis de mentir lorsqu’il s’agit d’établir ou de maintenir la paix. Ils avaient donc le droit de se cacher derrière leur père, mais ont-ils bien fait ?

Peut-être bien qu’ils cherchaient la paix en utilisant le stratagème du mensonge ; mais en se cachant derrière leur père, ils ont plutôt perpétué la rivalité entre eux et Yossef. Si seulement ils avaient formulé leur vidouï à la première personne, ils auraient probablement obtenu le pardon de Yossef et ainsi une réconciliation entière ; instaurant une paix durable.

Ceci donne un autre éclairage aux sanglots de Yossef. Yossef, en entendant ce presqu’aveux de ses frères, se met à pleurer (Béréchit 50:17 : « וַיֵּבְךְּ יוֹסֵף, בְּדַבְּרָם אֵלָיו » - « Yossef pleura lorsqu'ils lui parlèrent ainsi. »). Pourquoi Yossef pleura-t-il ? Tout ce qu’on vient de dire nous mène à penser qu’il a pleuré de déception, de douleur : la réconciliation était tellement proche ! Pourquoi se sont-ils défilés au dernier moment ?

Et c’est logique ! Car les frères tentent une autre stratégie : ils s’offrent en esclaves. Cela signifie bien que la réconciliation n’a pas eu lieu.

Toutefois, Yossef voit bien qu’ils essaient de demander pardon. Certes, ils n’y parviennent pas complètement, mais Yossef doit probablement sentir qu’au fond, ils demandent pardon mais qu’ils n’y arrivent pas. Il pourrait alors leur pardonner, leur expliquer qu’il comprend où ils veulent en venir et clore l’histoire. Mais il refuse de le faire. Au lieu de cela, il se cache lui aussi (Béréchit 50:19-21) :
יט וַיֹּאמֶר אֲלֵהֶם יוֹסֵף, אַל-תִּירָאוּ: כִּי הֲתַחַת אֱלֹקִים, אָנִי.
19 Yossef leur répondit: " Soyez sans crainte; car suis-je à la place de Dieu?
כ וְאַתֶּם, חֲשַׁבְתֶּם עָלַי רָעָה; אֱלֹקִים, חֲשָׁבָהּ לְטֹבָה, לְמַעַן עֲשֹׂה כַּיּוֹם הַזֶּה, לְהַחֲיֹת עַם-רָב.
20 Vous, vous aviez médité contre moi le mal: D.ieu l'a combiné pour le bien, afin qu'il arrivât ce qui arrive aujourd'hui, qu'un peuple nombreux fût sauvé.
כא וְעַתָּה, אַל-תִּירָאוּ--אָנֹכִי אֲכַלְכֵּל אֶתְכֶם, וְאֶת-טַפְּכֶם; וַיְנַחֵם אוֹתָם, וַיְדַבֵּר עַל-לִבָּם.
21 Donc, soyez sans crainte: j'aurai soin de vous et de vos familles." Et il les rassura et il parla à leur cœur.
Yossef se cache derrière Hachem. Un peu comme s’il disait : « ce n’est pas à moi de vous pardonner, c’est à D.ieu »[7]. Il leur explique alors que tout ce qui arrive n’est que l’œuvre de Hachem (la hachga’ha), et qu’ils n’y sont pas pour grand-chose etc.

Comme pour confirmer cette vision des choses, lisons le Rachi sur les derniers mots prononcés par Yossef :
עַד שֶׁלֹּא יָרַדְתֶם לְכָאן הָיוּ מְרַנְנִים עָלַי שֶׁאֲנִי עֶבֶד וְעַל יְדֵיכֶם נוֹדַע שֶׁאֲנִי בֶּן חוֹרִין וַאֲנִי הוֹרֵג אֶתְכֶם מַה הַבְּרִיוֹת אוֹמְרוֹת כַּת שֶׁל בַּחוּרִים רָאָה וְנִשְׁתַבֵחַ בָּהֶם וְאָמַר אַחַי הֵם וְלִבְסוֹף הָרַג אוֹתָם יֵשׁ לְךָ אָח שֶׁהוֹרֵג אֶת אָחִיו
Avant votre venue ici, on tenait sur moi des propos moqueurs, disant que j’étais un serviteur. C’est grâce à vous qu’on a su que je suis né libre. Si je vous faisais mettre à mort, que diraient les gens ? Qu’il a vu un groupe de jeunes gens auquel il s’est vanté d’appartenir en disant : « Ce sont mes frères ! » Et finalement, il les fait tuer ! A-t-on jamais vu quelqu’un tuer ses propres frères ? (Midrach tan‘houma Chemoth 2).
Ne trouvez-vous pas cela terrible ? C’est de cette manière qu’il les a calmés ! Mais les frères devaient être terrifiés ! Et même si le Midrach cité par Rachi n’est pas à prendre à la lettre, cela en dit long sur l’état d’esprit de Yossef…

Conclusion

Yossef a-t-il eu raison de ne pas pardonner à ses frères ? La réponse est bien entendu : non ! Ce n’était pas à Hachem de pardonner, c’était à Yossef. Chacun des protagonistes s’est caché derrière un « père » et ils ne se sont pas réconciliés.

Quelle est la réaction de Hachem face à cet échec ? Eh bien, tournez la page de votre ‘houmach et vous aurez la réponse. C’est le livre de Chémot qui nous attend au tournant. Ce livre marque le début de l’esclavage – c’est la partie de la hachga’ha que Yossef n’avait pas vue. D’ailleurs, le voilà, notre quatrième lien que nous avions laissé en suspens entre ce que dit le Par’o amnésique et Yossef : il s’agit de l’expression « עַם-רָב » - « peuple nombreux » pour parler des enfants d’Israël qui est employé à la fois par Yossef et par Par’o.

Ce qui a déclenché l’esclavage, dans les termes utilisés par Par’o, nous l’avons vu plus haut, rappelle a plusieurs égard Yossef. Et le rapport est maintenant clair : la non-réconciliation de Yossef avec ses frères est, en partie, à l’origine de l’esclavage.

Ceci doit nous rappeler l’importance du « pardon », du « merci ». Le pardon incomplet de nos ancêtres a eu un impact terrible sur l’histoire du peuple Juif : esclavage, division du royaume…
Nous devons prendre la leçon pour nous, dans nos familles, qui sont souvent le lieu d’histoires difficiles. Prenons les choses en main, demandons le pardon, et acceptons de l’accorder. Cessons de laisser D.ieu juger nos affaires de famille !


[1] NdT. J’imagine bien le Maboul comme une scène de film de science fiction avec un déluge bouillant, interminable. Des milliers de personnes qui courent dans tous les sens, en hurlant de terreur au milieu des corps morts flottants. Et pourtant, ce n’est pas cela que nous avons comme image. Mais là n’est pas le débat aujourd’hui.
[2] NdT. Cet élément n’a pas été dit par Rav Fohrman pendant le cours que je retranscris. Néanmoins je me permets de le rajouter, le trouvant plutôt opportun.
[3] Pourquoi ne s’est-il pas dévoilé à eux dès ce moment là? Les commentateurs discutent ce point. Selon le Rambane, Yossef voulait à tout prix réaliser ses rêves, il fallait donc faire venir Binyamine et son père afin qu’ils se prosternent devant lui. Mais Rav Fohrman préfère une explication donnée par Rav Yoël Bin Noun de la Yéshiva Har Etsion. Plus d’information pour les hébraïsants en suivant le lien ci-dessous :
[5] Le Vidouï consiste, comme le dit le Rambame, à une expression de la faute commise ainsi que de son regret. Nous pourrions traduire Vidouï par « confession ».
[6] Sur ce terme « לוּ » employé par les frères, Rachi est particulièrement prolixe. Il est justement gêné par le fait de dire que les frères espéraient une vengeance de Yossef et est donc obligé de dire que, bien que tous les « לוּ » du Tanakh expriment un souhait que cela se réalise, dans notre cas, et seulement dans notre cas, il faut traduire Lou par Pène… [N.d.T. Si cela peut vous rassurer, le Or Ha’haïm Hakadoch ne suit pas Rachi sur ce point et prend la même trajectoire que Rav Fohrman – à savoir que le Lou des frères signifie bel et bien qu’au fond d’eux ils voulaient que la haine de Yossef s’en prenne à eux.]
[7] NdT. J’ai même l’impression que Yossef leur dit : « Vous avez fait la partie de téchouva qui concerne la relation de l’homme avec D.ieu ; sur cette partie là, seul D.ieu peut en juger… Suis-je à la place de D.ieu ? » Finalement, c’est presqu’un reproche caché que Yossef fait à ses frères !




Traduit librement par Naty à partir d’une conférence donnée par Rav Fohrman en Mai 2009. Le titre original est : « Did Yossef ever reconcile with his brothers? ».

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