Quels liens ont-ils entre eux? Quels éclairages ont-ils l'un sur l'autre?
C'est à ces questions que ce cours répond en utilisant deux techniques à la fois simples et puissantes: l'intertextualité et le chiasme (Atbach).
1. Introduction
Nous allons étudier deux histoires difficiles à comprendre qui se trouvent presque côte à côte dans la תורה et que nous lisons toutes deux les deux jours de ראשהשנה et qui sont liées entre elles comme nous le verrons.
Il s’agit de la עקידת יצחק (ligature d’יצחק) et du גירוש ישמעאל (Expulsion d’ ישמעאל).
On a parfois l’impression que la תורה raconte des histoires pour enfants, tellement simples à comprendre. Mais dans la פרשה de וירא, il y a deux histoires qui sont difficiles à raconter : celle d’un père qui renvoie son fils pour toujours et celle d’un père qui est sur le point de tuer son fils.
Nous allons, pour comprendre ces deux textes, utiliser deux techniques d’analyse : l’intertextualité et le אתב״ש.
2. L’intertextualité
L’intertextualité est une analyse sémantique comparée entre deux textes. Elle consiste à répondre à la question : « Où, dans la תורה, a-t-on déjà vu ces mots, ces expressions ? ». Chaque fois que l’on retrouve un mot ou une expression commune à deux passages, cela constitue une connexion. Si les connexions sont nombreuses, cela dépasse la simple coïncidence et montre que les textes doivent être mis en relation.
En effet, la תורה est un texte profond. Cependant, le nombre de mots qui la composent est limité ; des histoires pleines de sens sont dites en peu de versets. Par exemple, l’épisode d’Adam dans le Gan Eden est relaté en une quinzaine de versets seulement.
Si vous étiez D., comment feriez-vous pour arriver à donner de la profondeur à un texte en un nombre limité de versets ?
Une des techniques que vous utiliseriez est la mise en relief. Un peu comme un architecte soumis au dilemme suivant : ‘comment construire une maison spacieuse sur une surface limitée ?’ : La solution sera de multiplier les étages de son édifice. La תורה, elle aussi, donne plusieurs niveaux de lectures afin de faire passer une grande quantité de messages avec peu de texte. C’est là la profondeur de la תורה.
Si deux histoires sont liées textuellement, c’est que chacune d’elle donne un regard et un angle de compréhension à la seconde : L’une permet de mieux comprendre la seconde. Exactement comme la vue humaine : comment se fait-il que nous voyions les choses en relief ? La réponse est simple : chaque œil, placé différemment, envoie une image spécifique au cerveau. Celui-ci superpose ces deux images légèrement différentes en une seule et même image qui prend alors de la profondeur et du relief.
Ainsi en est-il de l’intertextualité qui permet de voir en relief chacune des histoires qui sont mises en relation.
Nous allons tâcher de montrer dans le paragraphe suivant que l’histoire de la עקידת יצחק et celle du גירוש ישמעאל sont profondément liées, et ce grâce à l’analyse intertextuelle.
3. Liens entre la עקידת יצחק et le גירוש ישמעאל
Treize versets seulement séparent ces deux récits. Nous allons lire l’histoire de l’Expulsion d’ישמעאל et relèverons les similitudes avec la עקידה.
L’Expulsion d’ישמעאל intervient dans le contexte suivant. יצחק est né et son grand frère ישמעאל a mauvaise influence sur lui. שרה n’aime pas cela et veut le renvoyer, lui et sa mère הגר. אברהם n’apprécie pas cette idée mais ‘ה lui dit d’écouter sa femme. C’est là que l’histoire commence (Genèse 21 :14). Afin de la comparer avec l’épisode de la עקידה, celle-ci a été mis en Annexe.
14 Abraham se leva de bon matin, prit du pain et une outre pleine d'eau, les remit à Agar en les lui posant sur l'épaule, ainsi que l'enfant et la renvoya. Elle s'en alla et s'égara dans le désert de Beer Shava.
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15 Quand l'eau de l'outre fut épuisée, elle abandonna l'enfant au pied d'un arbre.
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16 EIle alla s'asseoir du côté opposé, à la distance d'un trait d'arc, en se disant: "Je ne veux pas voir mourir cet enfant"; et ainsi assise du côté opposé, elle éleva la voix et pleura.
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17 Dieu entendit le gémissement de l'enfant. Un messager du Seigneur appela Agar du haut des cieux et lui dit "Qu'as-tu, Agar? Sois sans crainte, car Dieu a entendu la voix de l'enfant s'élever de l'endroit où il gît.
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18 Relève-toi! reprends cet enfant et soutiens-le de la main, car je ferai de lui une grande nation."
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19 Le Seigneur lui dessilla les yeux et elle aperçu une source; elle y alla, emplit l’outre d’eau et donna à boire à l’enfant.
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20 Dieu fut avec cet enfant et il grandit; il demeura dans le désert, et devint tireur à l’arc.
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21 Il habita le désert de Pharan et sa mère lui choisit une femme du pays d'Egypte.
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1) וַיַּשְׁכֵּם אַבְרָהָם בַּבֹּקֶר – Abraham se leva de bon matin
Cette expression n’apparait que 2 fois dans la תורה – ici et dans l’histoire de la עקידה. Ce n’est pas pour nous dire qu’ אברהםne s’est levé tôt que 2 fois et que tous les autres matins de sa vie il s’est levé tard. Nous avons là plutôt un indice frappant que la תורה veut lier les deux épisodes.
2) בְּאֵר שָׁבַע –
C’est l’endroit où débute l’histoire du גירוש ישמעאל. Mais c’est aussi le lieu où l’histoire de la עקידה se termine.
3) תַּחַת אַחַד הַשִּׂיחִם – sous un arbre
Dans l’histoire de la עקידה, אברהם met des branches de bois sur le dos d’יצחק. Ainsi qu’il est dit : « וַיִּקַּח אַבְרָהָם אֶת-עֲצֵי הָעֹלָה, וַיָּשֶׂם עַל-יִצְחָק בְּנוֹ, וַיִּקַּח בְּיָדוֹ ».
4) וַיִּקְרָא מַלְאַךְ אֱלֹהִים אֶל –
Cette expression n’apparait que 2 fois dans la תורה. Et devinez où? Ici et dans l’histoire de la עקידה.
5) La réponse de l’ange commence par « אַל » dans les 2 histoires
6) « אַל-תִּירְאִי » - La réponse de l’ange à הגר est en miroir de ce qu’elle sera dans la עקידה où אברהם entendra : « כִּי-יְרֵא אֱלֹהִים אַתָּה »
7) D’ailleurs la suite de la réponse de l’ange à הגר est encore l’effet miroir de ce qu’il dira à אברהם dans l’histoire de la עקידה. Regardez : « קוּמִי שְׂאִי אֶת-הַנַּעַר, וְהַחֲזִיקִי אֶת-יָדֵךְ בּו » - l’ange demande à הגר de prendre son fils en main, de le toucher alors qu’il demande à אברהם de ne plus le toucher : « אַל-תִּשְׁלַח יָדְךָ אֶל-הַנַּעַר, וְאַל-תַּעַשׂ לוֹ, מְאוּמָה ». D’un côté, on a un homme qui est sur le point de tuer son fils et on lui demande d’arrêter, de le laisser vivre. De l’autre, on enjoint une femme, qui croit son fils mort, de le rejoindre, de le prendre en main pour le garder en vie.
8) « כִּי-לְגוֹי גָּדוֹל, אֲשִׂימֶנּוּ » - L’ange fait une bénédiction similaire pour יצחק
9) « וַיִּפְקַח אֱלֹהִים אֶת-עֵינֶיהָ, וַתֵּרֶא בְּאֵר מָיִם » -
Le secours provient subitement et par miracle, comme אברהם à qui l’on montre un agneau « וַיִּשָּׂא אַבְרָהָם אֶת-עֵינָיו, וַיַּרְא וְהִנֵּה-אַיִל »
10) « וַתִּקַּח-לוֹ אִמּוֹ אִשָּׁה, מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם »
Juste après la עקידה, אברהם s’occupe de chercher une femme à son fils. Cette femme doit provenir de sa terre natale. Exactement comme הגר qui a cherché une femme d’origine égyptienne, comme elle, pour son fils.
Il apparait maintenant très clair que les deux histoires sont intimement liées. La question qui se pose maintenant est : « Et Alors ? Qu’est-ce-que cela nous apprend ? »
Afin de boucler la boucle, il faut creuser un peu l’histoire même de la עקידה. C’est ce que nous allons faire en utilisant une technique appelée אתב״ש.
4. Le אתב״ש
Il s’agit d’une technique consistant à écrire un texte en mettant face à face le 1er élément avec le dernier, le deuxième avec l’avant dernier et ainsi de suite. Cela peut paraître ésotérique mais quand on devient familier avec cette technique, on se rend compte que la תורה utilise sans cesse le אתב״ש.
A quoi ça sert ?
D’abord, il s’agit d’une technique à la fois économique et très puissante. C’est une manière de donner au texte la capacité de s’auto-commenter. Deux éléments mis face à face s’éclaireront mutuellement.
Ensuite, elle permet de définir l’objet central d’un passage de la תורה. La lettre du milieu de l’alphabet dans le אתב״ש mettra en exergue l’élément principal de la narration, peut-être même le message que le texte veut faire passer.
En résumé, dans le אתב״ש, c’est la תורה qui s’auto-commente. Elle montre même le centre de gravité de son texte.
L’histoire de la עקידה est en אתב״ש. Il s’agit d’une structure de אתב״ש un peu complexe. Nous allons néanmoins en montrer quelques éléments principaux.
5. Relire la עקידת יצחק avec le spectre du אתב״ש
Essayons tout d’abord de comprendre le sens de la עקידה. Qu’est-ce-que ‘ה veut tester chez אברהם ? A première vue, on penserait qu’il s’agit d’un test de foi, de loyauté, peut-être même de crainte de D., comme d’ailleurs le dit le מלאך.
En réalité, c’est forcément bien plus que ça. Car, dans les autres religions aussi il y a cette notion de donner sa vie pour D. comme preuve d’attachement ou de loyauté. Mais alors qu’y a-t-il de spécial dans la leçon de la עקידה ?
Un des éléments de réponse à cette question va nous être donné par l’analyse אתב״ש du texte de la עקידה.
1) La עקידה commence par « הִנֵּנִי ». On retrouve la même expression à la toute fin.
2) Au début de la עקידה, יצחק est en train de monter. Son père lui met des branches sur le dos. Petite question technique qui peut paraître stupide : Comment disposer les branches pour qu’elles tiennent sur le dos d’ יצחק? Il y a de fortes chances qu’elles étaient attachées.
Voyons la fin de l’histoire : C’est יצחק lui-même qui est attaché sur les branches – les rôles se sont inversés entre יצחק et les branches !
3) « וַיֵּלְכוּ שְׁנֵיהֶם, יַחְדָּו » apparaît 2 fois. On s’approche du centre de l’histoire. Entre ces deux occurrences, apparaît un dialogue entre אברהם et son fils. Lors de ce dialogue, יצחק comprend qu’il n’y a pas d’agneau à sacrifier, et que c’est lui qui devrait l’être. רש״י explique que la répétition vient nous apprendre que יצחק a continué à marcher avec le même empressement qu’avant.
Ça y est, nous sommes arrivés au centre de l’histoire qui est constitué d’un dialogue entre le père et le fils, à première vue sans importance.
Savez-vous combien de fois אברהם et יצחק ont eu une discussion dans la תורה ? Une seule fois ! Lors de la עקידה. Elle doit donc certainement avoir une importance cruciale.
Ce dialogue est composé de cinq occurrences du terme « וַיֹּאמֶר ». Celui du milieu étant le centre du אתב״ש : « וַיֹּאמֶר, הִנֶּנִּי בְנִי ».
Analysons-le.
6. Le dialogue entre אברהם et יצחק
Le dialogue commence comme ceci : « וַיֹּאמֶר יִצְחָק אֶל-אַבְרָהָם אָבִיו, וַיֹּאמֶר אָבִי ». Cette phrase est déjà étonnante. Si on traduit littéralement cela donnerait quelque chose d’équivalent à « Et Bob dit à Sam, et il dit ‘‘Sam’’ ». Le second « וַיֹּאמֶר » a l’air superflu.
Le Rav Weinberg (Roch Yéchiva de Rav Fohrman) explique qu’il s’agit d’une discussion interrompue. Cela signifie qu’ils parlaient de choses et d’autres, de la pluie et du beau temps peut-être et puis, tout à coup, la discussion prend une tournure particulière lorsque יצחק dit « אָבִי ».
Si vous étiez אברהם, quel serait le seul mot que vous ne voudriez pas entendre de la bouche de votre fils יצחק ?
Vous savez quelque chose que votre fils ne sait pas ; vous savez que c’est lui qui devrait être sacrifié et vous l’y emmenez alors que vous êtes son père et que l’un des rôles du père est de protéger son fils.
Si on vous demande de tuer quelqu’un, comment, psychologiquement, pourriez-vous y parvenir ? Le seul moyen est de se déconnecter de la victime. C’est un travail psychologique long et difficile – encore plus si cette victime est votre fils.
Dans ce cadre là, le dernier mot que אברהם souhaite entendre c’est bien « אָבִי » - « Papa ».
Essayons de nous mettre dans la peau de אברהם. Qu’aurions-nous fait en entendant « אָבִי » - « Papa » de la bouche d’ יצחק? Nous aurions probablement abandonné à la fois physiquement et émotionnellement. Nous aurions si facilement trouvé une excuse pour redescendre de cette montagne et ainsi éviter le sacrifice.
Mais ça n’est pas du tout la réaction deאברהם .
Bien au contraire, il lui répond : « הִנֶּנִּי בְנִי ». « Oui, mon fils, je suis avec toi, je suis complètement avec toi. Tu m’as appelé ‘‘mon père’’, et bien je sais qui tu es, tu es mon fils et je suis ton père, présent à tes côtés, entièrement pour toi ».
אברהם a bien compris les inquiétudes de son fils et il ne se défile pas, un peu comme s’il lui disait : « Oui, mon fils, raconte-moi tes peurs, je t’écoute ».
יצחק fait alors remarquer à son père qu’ils ont tout ce qu’il faut pour le sacrifice – le feu, le bois, le couteau – mais le sacrifice lui-même est manquant. Où est-il demande יצחק?
Le terme utilisé par יצחק pour dire « Où ? » est « אַיֵּה ». Ce terme n’est pas courant. En général, le terme employé dans la תורה est plutôt « אֵיפֹה ». En vérité, si l’on regarde les occurrences de « אַיֵּה » et de « אֵיפֹה » dans le תנ״ך, on en dégage une différence marquante :
- « אֵיפֹה » - est une question de localisation d’un objet ou d’une personne
- « אַיֵּה » - est un étonnement de ne pas trouver quelque chose qui devrait être présent
La réponse de אברהם face à l’angoisse de son fils est la suivante : « אֱלֹהִים יִרְאֶה-לּוֹ הַשֶּׂה לְעֹלָה בְּנִי ».
Cette réponse est ambiguë. En fonction de l’emplacement des virgules, cela peut vouloir dire soit « Dieu choisira lui-même l’agneau pour l’holocauste, mon fils », soit « Dieu choisira lui-même l’agneau, mon fils tu es l’holocauste ».
Pourquoi cette ambiguïté ? Pourquoi ne pas dire la vérité à son fils ?
Simplement, parce qu’il ne sait absolument pas ce qui va arriver en haut de cette montagne. Et c’est exactement ce qu’il dit : « je ne sais pas si D. va nous mettre un agneau sur notre chemin pour le sacrifice ou bien si le sacrifice sera toi ; en tout cas, ce que je sais, c’est que tout est entre les mains de D. – אֱלֹהִים יִרְאֶה-לּוֹ ».
Finalement, אברהם montre son dévouement à ‘ה. C’était facile de dire « הִנֶּנִּי » au début. Maintenant, c’est bien plus difficile de le dire à son fils aussi. Et pourtant, c’est bien ce qu’il fait, même si cela peut être source de contradiction intérieure pour אברהם.
C’est cela le centre du אתב״ש ; c’est cela le message de la עקידה ! אברהם nous donne une leçon d’intégrité et de loyauté envers ‘ה, mais surtout envers son fils, même dans un moment aussi difficile.
7. Conclusion
Revenons à l’histoire de l’Expulsion d’ישמעאל. Quel dialogue y a-t-il dans cette histoire qui rappelle celui entre אברהם et יצחק ?
Y a-t-il seulement une conversation entre הגר et son fils ישמעאל ?
La réponse est : Non !
Regardons ce qui avait précédé le dialogue entre אברהם et יצחק : «וַיֵּלְכוּ שְׁנֵיהֶם, יַחְדָּו ». On retrouve l’exact opposé dans l’histoire du גירוש ישמעאל : « וַתֵּלֶךְ וַתֵּשֶׁב לָהּ מִנֶּגֶד ». Elle s’éloigne parce que c’est trop dur à voir. אברהם aussi aurait pu s’éloigner, mais il est resté bien présent aux côtés de son fils.
Mais il y a une conversation entre הגר et elle-même. Elle se dit : « אַל-אֶרְאֶה בְּמוֹת הַיָּלֶד ». C’est une réaction de désespoir. D’ailleurs le מלאך n’a aucune sympathie pour elle. Ce n’est pas elle qu’il a entendue, c’est la voix de son fils qui l’amène : « כִּי-שָׁמַע אֱלֹהִים אֶל-קוֹל הַנַּעַר » !
C’est ce que le מלאך lui dit : « קוּמִי שְׂאִי אֶת-הַנַּעַר, וְהַחֲזִיקִי אֶת-יָדֵךְ בּו » - « Ne reste pas comme cela, tu as le devoir de prendre ton fils, d’être présente à ses côtés ».
D’ailleurs, comment se termine cette histoire ? ישמעאל devient tireur à l’arc « רֹבֶה קַשָּׁת » - un rappel évident à l’éloignement de sa mère lorsqu’elle était en détresse : « הַרְחֵק כִּמְטַחֲוֵי קֶשֶׁת » - un éloignement équivalent à la distance d’un tir de flèche.
Que cherche-t-il à faire ? Il y a deux possibilités : soit il essaye de recréer un lien avec sa mère, soit il essaye de tuer sa mère. Ou bien les deux en même temps.
Il suffit d’observer l’état psychologique des enfants qui ont été abandonnés par leurs parents pour comprendre que c’est possible. Un cas frappant était celui d’une fille qui faisait un cauchemar chaque nuit. Elle se réveillait en hurlant : « je hais ma maman ! ». Elle se mettait alors à pleurer en disant que la seule chose qui la consolerait serait la présence de sa maman.
C’est de là que vient cette violence qui caractérise ישמעאל. Cette violence est née de cette עקידה manquée par הגר. La תורה nous apprend que la עקידה n’est pas seulement un test de fidélité à ‘ה mais aussi et surtout une fidélité à son enfant en même temps.
La תורה nous montre ici deux exemples de עקידה : l’une qui a été manquée – celle d’ישמעאל – et l’autre qui a été une réussite – celle d’יצחק.
Annexe – la עקידה dans le texte (Genèse 22:1-14)
א וַיְהִי, אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, וְהָאֱלֹהִים, נִסָּה אֶת-אַבְרָהָם; וַיֹּאמֶר אֵלָיו, אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר הִנֵּנִי.
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1 Il arriva, après ces faits, que Dieu éprouva Abraham. Il lui dit: "Abraham!" Il répondit: "Me voici."
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2 Il reprit "Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac; achemine-toi vers la terre de Moria et là offre-le en holocauste sur une montagne que je te désignerai."
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3 Abraham se leva de bonne heure, sangla son âne, emmena ses deux serviteurs et Isaac, son fils et ayant fendu le bois du sacrifice, il se mit en chemin pour le lieu que lui avait indiqué le Seigneur.
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4 Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, aperçut l'endroit dans le lointain.
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5 Abraham dit à ses serviteurs: "Tenez-vous ici avec l'âne; moi et le jeune homme nous irons jusque là-bas, nous nous prosternerons et nous reviendrons vers vous."
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6 Abraham prit le bois du sacrifice, le chargea sur Isaac son fils, prit en main le feu et le couteau et ils allèrent tous deux ensemble.
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7 Isaac, s'adressant à Abraham son père, dit "Mon père!" Il répondit: "Me voici mon fils." Il reprit: "Voici le feu et le bois, mais où est l'agneau de l'holocauste?"
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8 Abraham répondit: "Dieu choisira lui-même l’agneau de l’holocauste mon fils!" Et ils allèrent tous deux ensemble.
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9 Ils arrivèrent à l'endroit que Dieu lui avait indiqué. Abraham y construisit un autel, disposa le bois, lia Isaac son fils et le plaça sur l'autel, par-dessus le bois.
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10 Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.
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11 Mais un envoyé du Seigneur l'appela du haut du ciel, en disant: "Abraham! . Abraham!"
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12 Il répondit: "Me voici." Il reprit: "Ne porte pas la main sur ce jeune homme, ne lui fais aucun mal! car, désormais, j'ai constaté que tu honores Dieu, toi qui ne m'as pas refusé ton fils, ton fils unique!"
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13 Abraham, levant les yeux, remarqua qu'un bélier, derrière lui, s'était embarrassé les cornes dans un buisson. Abraham alla prendre ce bélier et l'offrit en holocauste à la place de son fils.
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יד וַיִּקְרָא אַבְרָהָם שֵׁם-הַמָּקוֹם הַהוּא, יְהוָה יִרְאֶה, אֲשֶׁר יֵאָמֵר הַיּוֹם, בְּהַר יְהוָה יֵרָאֶה.
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14 Abraham dénomma cet endroit: Adonaï-Yiré; d'où l'on dit aujourd'hui:"Sur le mont d’Adônaï-Yéraé."
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Traduit librement par Naty à partir d’une conférence donnée par Rav Fohrman en Novembre 2009. Le titre original de la série est : « Difficult Stories in Tanach : Understanding the Akeida and the Expulsion of Yishmael ».
PS. Pour ceux qui parlent anglais, le cours audio original se trouve ici: http://torahanytime.com/Rabbi/David_Fohrman/
Excellente présentation. Bravo Naty.
RépondreSupprimerJe me permet d'ajouter une remarque: l'ange qui sauve Ychmael est un malakh Elokim (nom de D faisant référence à l'attribut de justice tandis que celui qui sauve Itsh'ak est un malakh Hashem (le tétragramme fait référence à l'attribut de misécorde ). Cela signifie certainement qu'Ishmael est censé devenir un instrument de la justice divine. A méditer...
Au fait autre suggestion pour ce blog que je trouve fantastique: pourquoi ne pas ajouter des analyses personnelles sur des passages du Tanakh en utilisant les méthodes présentées par R.Fohrman.
Je pense déjà à certains passages connus pour être étranges.
Au plaisir.
Emmanuel, merci pour les compliments, je suis content que cela plaise. Ton commentaire est très intéressant, je le rajouterais peut-être dans une prochaine version en NdT.
RépondreSupprimerPour ce qui est de ta proposition, elle me plait beaucoup. Cependant, il faudrait organiser un comité de relecture en garde fou avant chaque publication.
A bientôt!
Très intéressant Naty.
RépondreSupprimerVoilà, non seulement un cours bouleversant par une approche totalement décalée de notre enseignement scolaire, mais aussi une introduction à des techniques de lecture pointilleuses.
A la prochaine...
Emmanuel, bien vu, c'est d'ailleurs la raison - disent certains - pour laquelle c'est le nom E-lohim qui figure dans l'ordre de la Akedah. Cela pour dire qu'en demandant le sacrifice d'Yits'hak c'est bien la Justice qui réclame son dû après qu'un autre fils ait été chassé.
RépondreSupprimershalom Rav,moi j'ai surtout trouve dans l'histoire d'abraham une peut-etre incoherence.j'ai tjrs appris que lorsqu'on changeais de Nom on changeais de mazal et que le brit permetais d'etre un homme fini dans tout les sens du terme. Abraham a conssu Ysmael alors qu'il s'appelait Avram et n'avait pas eut le Brite. Contrairement a Ytsrak le NOM de son Pere est Abraham est avait recu le Brite.donc on ne peut pas dire qu'il soit frere.de plus Ysmael est fils d'une shiffra...merci de m'avoir lu levray
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